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Lettre 4879 de Abraham Ruchat à Jean-Alphonse Turrettini

Lausanne 10.06.1736

J'ai recu avec toute

Ruchat remercie JA de lui avoir offert ses thèses sur les lois naturelles (pars secunda, 1736) ; c'est un sujet qui mérite toute l'attention et il a été ravi de constater qu'ils ont les mêmes sentiments sur la question. Dans son traité sur l'immortalité de l'âme, Sherlock polémique contre Locke à propos des idées innées; Ruchat considère cette dispute comme de la logomachie. En effet si les deux partis prenaient la peine de s'expliquer clairement, ils finiraient par tomber d'accord sur pr...

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Lausanne 10.06.1736


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.R.16


J'ai recu avec toute


Ruchat remercie JA de lui avoir offert ses thèses sur les lois naturelles (pars secunda, 1736) ; c'est un sujet qui mérite toute l'attention et il a été ravi de constater qu'ils ont les mêmes sentiments sur la question. Dans son traité sur l'immortalité de l'âme, Sherlock polémique contre Locke à propos des idées innées; Ruchat considère cette dispute comme de la logomachie. En effet si les deux partis prenaient la peine de s'expliquer clairement, ils finiraient par tomber d'accord sur presque tout. Par exemple, comme le fait remarquer fort bien JA, les vérités éternelles gravées dans notre âme ne doivent pas être comprises comme l'empreinte d'un cachet sur la cire; de même ceux qui nient l'existence des idées innées doivent bien avouer qu'il y a chez tous les hommes des notions communes ("scientiarum semina" comme les appelle JA avec les stoïciens) sans lesquelles il serait impossible 1) de raisonner sur quoi que ce soit 2) que les enfant apprennent à parler 3) que les hommes puissent s'entendre entre eux 4) et convenir de quoi que ce soit. Comme il ressort de l'exemple d'un aveugle qui, entendant prononcer les mots de couleur, blanc, noir etc., ne saurait absolument pas ce que le mot signifie. Ruchat envoie à JA l'une de ses thèses [De fide sanctorum Veteris Testamenti] ; il n'y a pas inclus la seconde car le candidat, Viret, l'a dédiée à la Compagnie des pasteurs de Genève. Ruchat est fâché que ces pièces soient si mal imprimées mais cela vient du fait qu'elles sont imprimées loin de Lausanne, comme le veulent LL.EE. de Berne qui prennent en charge les frais mais à condition que les bénéfices reviennent à leurs bourgeois. Il a corrigé à la plume les fautes de latin de la première mais n'a pas voulu mettre la main à la seconde parce qu'il aurait fallu trop barbouiller. Il y a quelques semaines, Ruchat a eu entre les mains le traité sur la manière d'expliquer l'Écriture qui vient en partie de JA [De Sacræ Scripturæ interpretandæ methodo] mais que celui-ci a désavoué. On lui a dit que c'était une compilation de ce que les disciples de JA ont retenu de ses leçons. C'est un ouvrage très mal imprimé et plein de fautes et c'est un grand dommage parce qu'il y a d'excellentes choses. On peut y reconnaître en partie la méthode, la netteté, la solidité et l'exactitude de JA. Ruchat incite son correspondant à publier lui-même l'ouvrage. On l'attend avec impatience car c'est un ouvrage d'autant plus nécessaire qu'on vit dans un siècle où chacun veut faire l'interprète de l'Écriture en s'y appliquant avec des mains sales.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Lausanne

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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