Lettre 4837 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, II, p.21-24.

Je suis confus

Avant de répondre aux deux lettres de JA et de le remercier de l'excellent Sermon [1735], Escher a attendu de connaître l'accueil réservé à la lettre de LL.EE. de Berne et de Zurich. Il est heureux de savoir, par la lettre que les magistrats genevois ont écrite, qu'on commence à respirer un peu à Genève: Messieurs du Conseil ont déjà écrit à plusieurs reprises que la paix était en train d'être rétablie mais ils s'étaient trompés chaque fois. Il espère qu'il en ira différemment cette fois-ci. Il approuve pleinement la démarche faite par la Vénérable Compagnie, qui devrait inciter les autres à faire de même. Les malheurs qui se sont abattus sur Genève appartiennent aux catastrophes ordinaires des républiques, comme les maladies aux corps; un bon citoyen n'en aime pas moins sa patrie. Même ceux qui ont souffert doivent se conduire sagement: [Churchill] de Marlborough n'a jamais autant brillé que dans sa disgrâce. Dans son Sermon pour le jubilé, JA décrit avec une telle force et émotion les fruits heureux de la Réformation qu'Escher prie le Seigneur que tous les protestants entrent dans ses vues et joignent à la profession de la vérité une pratique constante des devoirs de la piété et un attachement à celui qui s'est manifesté en la chair pour nous. Les réformateurs ont toujours eu un profond attachement au Christ. Escher remercie JA du soin qu'il prend de son neveu Werdmüller [I] ; il lui recommande maintenant un autre jeune homme qui s'appelle [Jean II] Fine et demeure chez son oncle [Isaac]. Il devrait être chirurgien à l'hôpital. Le père [Jean I], fort honnête homme, a été réfugié et le grand-père du côté maternel ministre près de Mâcon. Lui même a déjà reçu l'ordination à Zurich; Escher demande à JA de le recommander à [Jacob] Vernet pour qu'il veille sur sa conduite et l'entretienne dans la bonne voie. L'incident avec la Savoie est fâcheux, surtout compte tenu des circonstances; on n'a pas encore eu de réponse de Berne sur la lettre au roi de Sardaigne [Charles-Emmanuel III]. À Zurich, on est fort occupé avec les affaires du Toggenbourg; ce peuple est montagnard, comme d'autres sont Vaudois ou Camisards. Depuis quelques années il a été sans cesse irrité par la conduite pitoyable des ministres de l'abbé de Saint-Gall [Rudolfi]. Présentement il a presque secoué le joug et a massacré cruellement deux de ses compatriotes, l'un protestant [Nicolas Rüdlinger], l'autre catholique [Keller II] qui, après avoir fait partie au début des plus acharnés défenseurs du peuple, passèrent par la suite au service de l'abbé. Vers la fin du mois, il y aura une conférence à Baden entre Berne, Zurich et l'abbé de Saint-Gall pour travailler à apaiser le tumulte.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre