Lettre 4844 de Jean-Rodolphe II Ostervald Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.O.3

Budé, Lettres, III, p.206-210. Omissions.

J'ay bien recu les

Ostervald remercie JA de l'excellent Sermon [1735] qu'il lui a fait parvenir; il a remis à [Samuel] Werenfels, [Jakob Christoph] Iselin et Roques les exemplaires qui leur étaient destinés. Il forme des vœux pour la conservation de JA, si utile à l'Église. Werenfels est très reconnaissant au Genevois des mots tendres et affectueux qu'il a eus à son égard; tant qu'il vivra, son cœur sera acquis au Genevois. Ostervald est frappé de voir la vigueur, la force d'esprit, la justesse et la délicatesse que cet excellent homme garde encore. Il sort très peu, presque uniquement pour aller au temple mais il fait encore assez souvent ses leçons de théologie; il traite en ce moment les cas de conscience, c'est beaucoup pour un homme qui entre dans sa quatre-vingtième année. Iselin et Roques remercient, eux aussi, JA; ce dernier lui écrira mais le premier a une santé très délicate qui inquiète ses amis. Le procès de [Johann Jakob] Wettstein a produit une affaire fâcheuse entre le Magistrat et le Convent théologique, composé des quatre premiers pasteurs allemands et des professeurs de théologie. Après que le père de Wettstein [Johann Rudolf IV] a écrit aux Églises de Suisse une lettre très virulente [Epistola ordinis theologici], les membres du Convent ont refusé de le reconnaître comme leur frère et de le recevoir dans leur assemblée, jusqu'à ce qu'il se soit dédit ou ait prouvé le bien-fondé de ses arguments. Il y a quelques semaines, le Convent aurait dû s'assembler pour élire le suffragant d'un pasteur décédé, la procédure prévoyant qu'on choisisse six personnes, dont trois sont retenues par le Magistrat, et l'un de ces trois, tiré au sort. En réalité, le Convent ne s'est jamais assemblé car Wettstein père a prétendu assister à la séance en tant que pasteur de Saint Leonhard dont il assure toutes les fonctions. Ostervald a été très affecté par les troubles de Genève; chacun à Bâle en juge à sa manière, suivant les avis reçus. Plusieurs citoyens genevois qui se trouvent dans la ville ne condamnent guère le peuple. On estime que les factum publiés ne feront qu'aigrir les esprits; du reste, après les avoir lus, on ne sait presque plus quoi croire. Il prie Dieu de bénir l'État et l'Église de Genève, si respectables entre les réformés. Il est heureux que Vernet ait donné la suite des dissertations de JA [Traité, V-VI, 1736] et on attend avec impatience ce qui viendra après. La riche bibliothèque de [Hans Jakob] Battier, professeur en droit, sera mise en vente; si JA le désire, Ostervald peut lui envoyer le catalogue.

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