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Lettre 4288 de Jean-Alphonse Turrettini à Jean I Barbeyrac

[Genève] ap.02.10.1731 [s.d.]

... tez que je ne dise

JA ne dira rien de ce que lui marque Barbeyrac mais il serait souhaitable que l'Université de Groningue et les autres, qui pourraient être consultées, soient mises au courant et que le Magistrat genevois ne soit pas blâmé sur la base de faux exposés, sans être entendu. Si Barbeyrac lui répond, il faudrait qu'il lui inspire des pensées plus raisonnables. JA lui demande aussi, s'il en parle à ses collègues, de faire état de la situation réelle et de s'informer si les autres universités ont été con...

[Genève] ap.02.10.1731 [s.d.]


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de la Société de l’Histoire du protestantisme français (Paris), Ms 295 MF 102 (f.121)


... tez que je ne dise


JA ne dira rien de ce que lui marque Barbeyrac mais il serait souhaitable que l'Université de Groningue et les autres, qui pourraient être consultées, soient mises au courant et que le Magistrat genevois ne soit pas blâmé sur la base de faux exposés, sans être entendu. Si Barbeyrac lui répond, il faudrait qu'il lui inspire des pensées plus raisonnables. JA lui demande aussi, s'il en parle à ses collègues, de faire état de la situation réelle et de s'informer si les autres universités ont été consultées. Il faudrait alors voir, dans ce cas, s'il est possible de leur faire parvenir les éclaircissements nécessaires. En un mot, il aimerait savoir tout ce qui se passera au sujet de Genève. Le fait est qu'on a à faire à une tête de fer [Jacques-Barthélemy Micheli Du Crest], un opinîatre qui fait tout pour perdre sa patrie. Se trouvant à la campagne, JA a envoyé à [Jean-Antoine (?)] Fatio l'extrait de la lettre de Barbeyrac le concernant. Il a aussi envoyé à l'expéditeur, il y a deux mois, la seconde brochure de Vernet, à savoir la IIIe section sur la vérité de la religion judaïque [Traité, 1731]. Il espère que le reste suivra petit à petit. Comme il s'est étendu davantage sur la religion chrétienne, le traducteur aura moins besoin de faire des ajouts. Il n'y a rien de nouveau concernant les livres. Il soupçonne que l'éditeur des œuvres de Launoy [François Granet] est un janséniste. Il a en effet réfuté dans des notes ce que l'auteur dit dans sa Véritable tradition de l'Eglise sur la prédestination et la grâce, à propos de la nouveauté des sentiments d'Augustin. Il a aussi ajouté à la fin du volume un mandement de l'archevêque de Reims [Le Tellier, Ordonnance, 1703] contre ce Traité et une lettre écrite des Champs-Elysées [de Serry] également hostile à l'ouvrage de Launoy. Ce qui s'est passé en Piémont a surpris toute l'Europe. Le vieux roi [Victor-Amédée II] a montré sa faiblesse d'esprit d'abord en abdiquant et ensuite en voulant remonter sur le trône. Il a en outre très mal évalué les moyens à prendre pour exécuter une telle résolution. Il prétendait en effet entrer dans la Citadelle par un expédient qui ne lui a pas réussi. Se promenant en carrosse près de la forteresse, il a feint d'avoir une de ces coliques auxquelles il est sujet. Il a alors fait appeler le baron de Saint-Remi, qui est le gouverneur de la place, pour aller s'y reposer mais celui-ci l'a assuré ne pas avoir de clé, cette dernière étant entre les mains du roi Charles [Charles-Emmanuel III]. Il espérait que, une fois entré dans la citadelle, il en serait maître, ferait soulever les habitants de Turin, sous l'effet de la crainte d'un bombardement, et ferait enfin arrêter le roi Charles. Voyant que son plan avait échoué, il s'en prit au roi son fils, lui reprochant de ne pas savoir gouverner et le menaçant d'aller allumer la guerre aux quatre coins de ses États et de faire entrer des troupes étrangères s'il ne lui cédait pas le gouvernement. Quand on est allé le prendre à Moncalier, il s'est débattu, il a injurié et frappé les ministres, bref il s'est conduit, dans toute cette affaire, comme un homme à l'esprit faible, plus proche d'un enfant que du grand prince qu'on croyait qu'il était. On voit qu'il n'y avait pas d'alternative. Il fallait que l'un ou l'autre fût arrêté; le fils s'est ainsi vu obligé de prévenir le père; ce qu'il a fait, semble-t-il, avec beaucoup de regret. On a su la prodigieuse collecte faite en Hollande en faveur des Vaudois. En confidence, il faut dire que les besoins de ces gens ont été gonflés à propos par des gens qui avaient leurs raisons d'agir ainsi. Il serait bien qu'on le fasse savoir mais sans laisser entendre, en aucune manière, que la source en est JA ou Barbeyrac Il faudrait simplement dire que cela vient de très bon lieu. Il est fâcheux d'abuser de telle sorte la piété et la charité des Provinces-Unies. Quand la déroute arrivera (ce qui ne saurait manquer), onaura épuisé la charité des gens bien intentionnés. Il faudrait en effet placer cet argent et n'en utiliser à présent que le revenu ou une toute petite partie du capital, à proportion des besoins. Il serait également souhaitable qu'on s'adressât aux Cantons évangéliques et qu'on agît de concert avec eux, sans passer par la médiation de particuliers qui ont des intérêts privés à défendre. JA trouve indécente la façon dont on s'est acharné contre [Jacques] Saurin après sa mort. Mais le temps presse et il faut qu'il ferme sa lettre.

Adresse

Groningue


Lieux

Émission

Genève

Réception

Groningue

Conservation

Paris


Cités dans la lettre