Lettre 4013 de Jean-Alphonse Turrettini à August Gotthelf Graff

Copie. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.G.14

Extrait dans BR, II/2, avril-mai-juin 1729, p.349-351. Avec une traduction française, p.351-354.

Cùm ad vos

JA saisit l'occasion du retour de Beumelburg, qui a servi pendant plusieurs années l'Église luthérienne de Genève, pour faire parvenir à Graff la dernière de ses dissertations sur la vérité de la religion chrétienne [Disputatio, pars sexta, 1728], il fait le même envoi au duc [Friedrich II] et à Cyprian. Il ajoute un Sermon sur le jubilé de la Réformation bernoise. Il remercie Graff de sa dernière lettre d'il y a quelques mois, à laquelle était jointe la Dissertatio epistolica de Buddeus. Celle-ci polémique avec JA mais le fait avec tellement d'amitié et d'humanité que c'est un honneur pour JA d'avoir reçu une telle réfutation. Les raisons de l'un et de l'autre sont accessibles à tous et chacun jugera comme il voudra. Il est indubitable d'après l'Écriture que les esprits malins existent et qu'ils ne sont ni passifs ni impuissants mais JA ne veut pas leur attribuer de vrais miracles. Parmi ceux-ci il ne peut pas ne pas énumérer les manifestations qui ont affaire aux spectres et aux défunts ainsi qu'à la prédiction du futur, les deux étant attribuées, selon l'opinion vulgaire, à la pythonisse d'Endor ou du moins au diable son maître. Pendant son enfance JA a entendu beaucoup parler de spectres, de retour des morts, d'esprits qui hantaient les maisons etc. Il recevait avec avidité ces récits, dans la mesure ou l'esprit des enfants s'attache beaucoup aux choses extraordinaires. Rendu maître par la suite de sa raison et imbu de principes philosophiques, il a pris tout cela pour des épouvantails sans fondement. À quarante, cinquante ans, ces phantasmes ont disparu partout dans le monde savant, de sorte que rien de tel n'est raconté ni cru. Il est donc évident qu'il s'agissait de fantaisies et de rêves de la crédulité, simples reliques du paganisme et du catholicisme. Il fait ces remarques en passant et puisque l'occasion s'en présente mais sans entêtement, même s'il ne partage pas les sentiments de Graff et de Buddeus. Dans un PS, JA annonce que Chouet, qui est la gloire de la République, va bientôt atteindre l'âge de quatre-vingt-six ans; il se trouve en pleine possession de ses facultés intellectuelles et de presque tous ses moyens corporels. C'est à lui qu'on doit d'avoir été libérés de la crainte des spectres et des lémures. Il partage pleinement les sentiments de JA sur la pythonisse d'Endor. JA serait reconnaissant à Graff s'il voulait bien montrer cette lettre à Buddeus.

Adresse

[Gotha]

Commentaire

Copie d'une autre main. Le passage commençant par "Quin dentur" jusqu'à "Haec obiter tantum" est recopié par JA dans sa lettre à Serces du 05.12.1728. Minute dans Tur 1/Gd.G.12.3.

Lieux

Émission

Réception

Gotha

Conservation

Genève

Cités dans la lettre