Lettre 3388 de Jean-Alphonse Turrettini à Jean Le Clerc

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 481 (f.105-106)

Sina, Epistolario, IV, p.261-264.

J'ai reçû... la lettre

JA a reçu la nouvelle édition des Pères apostoliques de Le Clerc [1724] et le remercie de ce beau cadeau; il lira avec intérêt les augmentations par rapport à l'édition précédente [1698], qu'il possède aussi. Il a appris par l'épître dédicatoire que l'on aurait l'année prochaine les commentaires sur les hagiographes et sur les prophètes et il s'en réjouit. Il a toujours parlé de Le Clerc à l'archevêque de Cantorbéry [Wake] de façon très élogieuse, en soulignant les services incomparables qu'il rendait à l'Église et à la science. Il lui a même dit qu'il était étonnant que des hommes inutiles aient de grands bénéfices alors que Le Clerc n'avait rien de tel. Mais JA sait que son correspondant est au-dessus de l'ingratitude des personnes puissantes. JA est content que le manuscrit qu'il a envoyé à Le Clerc ne lui ait pas déplu [[Barnaud], Mémoires]. On vient de perdre [Bénédict] Pictet, après une maladie de quelques mois qui lui avait aussi affaibli l'esprit; personne donc ne l'a vu dans sa maladie. Il ne manquait ni de lectures ni de savoir ni de mémoire mais sa vanité était telle qu'il commettait toute sorte de puérilités. Il faisait sa cour à tout le monde, il avait la voix belle et forte, ce qui lui a valu de la réputation. Ses lettres et ses clameurs ont été l'obstacle principal à l'avancement des principes modérés dans ces quartiers [Sina lit sans raison "questions" à la place de "quartiers"]. Il y a apparence que son successeur sera [Antoine I] Maurice: il a un certain savoir et un certain génie mais son esprit n'est pas juste et il ne semble pas aimer la vérité. Quand il est entré dans la Compagnie, il s'est rallié au parti rigide, qui était le dominant, et y est resté fidèle. Mais il y a lieu de croire qu'il s'adoucira. En tout cas les rieurs ne seront pas de son côté. JA écrit à Le Clerc à cœur ouvert et lui demande de détruire la lettre. JA ne doit pas oublier que son collègue homonyme [Samuel Turrettini] est excellent; il n'a peut-être pas autant de brillant que d'autres mais il a une grande justesse d'esprit et aime la vérité. Il est très heureux de l'avoir comme collègue. Pour ce qui est de la lettre latine que Le Clerc a reçue de Genève, JA n'en a rien appris et il n'a jamais non plus entendu parler d'un système aussi extravagant; l'auteur doit être soit un grand ignorant soit un cerveau brûlé. Il s'est renseigné auprès de Pellissari [II] de Genève pour savoir s'il avait envoyé cette lettre de la part de quelqu'un et a essayé de découvrir l'identité de cet inconnu par tous les moyens; mais Pellissari a nié être au courant de quoi que ce soit et il avait l'air sincère. Il faudrait que Le Clerc fasse demander d'autres renseignements au Pellissari d'Amsterdam [I]. JA a acquis le Plutarque [Quæ exstant omnia, 1572] qui était à vendre; si Le Clerc en a besoin soit pour lui-même soit pour le waivode [Maurokordatos], il n'a qu'à le demander. Il a été heureux d'apprendre, par le neveu de son correspondant [Jacques-Théodore], que celui-ci avait toujours autant de force et de vigueur.

Adresse

Amsterdam

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Amsterdam

Conservation

Genève

Cités dans la lettre