5000 Lettres

Lettre 3328 de Jean-Alphonse Turrettini à Ernst Salomon Cyprian

[Genève] ap.17.10.1723 [s.d.]

Literas Tuas... VIII. Id. Sept.

JA a reçu en son temps la lettre de Cyprian du 6 septembre qu'accompagnaient de magnifiques présents. Il l'aurait remercié sans retard si sa santé le lui avait permis; la détérioration de celle-ci est la seule raison de son long silence et non pas, comme le soupçonne son correspondant, une diminution quelconque de déférence à son égard. Son estime à l'égard de la piété, de l'érudition et du savoir de son correspondant demeure inaltérée. Il doit néanmoins avouer que des bruits lui sont parvenus s...

[Genève] ap.17.10.1723 [s.d.]


Minute autographe, signée, adressée. Inédite. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gb.1.21.XVIII (Gd.12.3)


Literas Tuas... VIII. Id. Sept.


JA a reçu en son temps la lettre de Cyprian du 6 septembre qu'accompagnaient de magnifiques présents. Il l'aurait remercié sans retard si sa santé le lui avait permis; la détérioration de celle-ci est la seule raison de son long silence et non pas, comme le soupçonne son correspondant, une diminution quelconque de déférence à son égard. Son estime à l'égard de la piété, de l'érudition et du savoir de son correspondant demeure inaltérée. Il doit néanmoins avouer que des bruits lui sont parvenus selon lesquels Cyprian se serait détourné de la réunification des protestants. Il l'a toujours inclu dans le nombre des théologiens modérés, c'est pourquoi il a orné de son nom, si insigne dans la République chrétienne, sa Nubes Testium. Tout ce qu'il peut maintenant imaginer est que les ennemis des réformés ont réussi à le faire changer d'avis par des moyens rusés. La dernière lettre de Cyprian, très bienveillante certes mais également plus dure que dans le temps à l'égard des calvinistes, a confirmé JA dans cette conjecture. Pourtant cette lettre avait bien commencé, puisque son correspondant incitait les chrétiens à se tolérer et à s'abstenir de toute polémique âpre; et JA remercie Dieu à ce propos de ce que le prince de Cyprian [Friedrich II de Saxe-Gotha] ait fait preuve d'une politique de tolérance à l'égard des réformés. Mais il ne peut pas partager l'exhortation de l'expéditeur à faire preuve de la plus grande lenteur dans l'affaire de la réunification, même s'il reconnaît que la prudence est de rigueur. De même il s'étonne que son interlocuteur puisse attribuer aux réformés des sentiments de haine; soit il exagère certains éléments soit il est mal renseigné par les ennemis des calvinistes. Pour ce qui concerne les dogmes réformés, en particulier la prédestination et la grâce, il faut souligner qu'ils ne sont pas discordants avec ce qu'a enseigné Luther, par exemple dans son De servo arbitrio; et il ne faut pas oublier que son enseignement a été imposé partout grâce à la Formule de Concorde. Pour ce qui le concerne, JA estime que ces questions dépassent les forces humaines et il faut les laisser à la libre appréciation des uns et des autres. Les lettres des rois d'Angleterre [George I, «Aux Illustres», 1723] et de Prusse [Friedrich Wilhelm I, «Aux Illustres», 1723] ont beaucoup contribué à atténuer la Formula consensus; si elle n'a pas été complètement abolie, on n'impose en revanche plus de croire et de prêcher ce qui y est contenu et on se limite à défendre de dispenser des enseignements qui y seraient contraires.

Adresse

[Gotha]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Gotha

Conservation

Genève


Cités dans la lettre