Lettre 2841 de Anonyme Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.10.I

On se plaint depuis

Depuis longtemps, on déplore le relâchement de la piété et l'affaiblissement de la religion, qui ne font qu'augmenter. Il est vrai que les pasteurs s'en plaignent en chaire mais leurs prédications n'apportent aucun remède. On a beau exhorter les fidèles, ils n'en deviennent pas pour autant meilleurs. Le dimanche en particulier, qui devrait être consacré au service de Dieu, est profané d'une manière étrange, de sorte que plusieurs réformés, et notamment des Anglais, qui ont séjourné à Genève, disent que, dans cette ville, il n'y a pas de dimanche. Malheureusement – et le correspondant pardonnera une telle franchise – on doit constater du relâchement parmi les ministres aussi qui, par exemple, ne font plus chanter dans les temples les louanges de Dieu comme on le faisait autrefois. Les pasteurs, et spécialement les jeunes, au lieu de faire chanter des parties entières, suivant le cours ordinaire, en retranchent à présent plus de la moitié et cette innovation fait beaucoup murmurer les bonnes âmes qui ne s'expliquent pas une telle chose. Il semblerait que le prédicateur ait hâte de faire sortir les fidèles pour qu'ils puissent aller se promener ou s'installer dans les cabarets, ce qui du reste arrive tous les dimanches. Ce retranchement des Psaumes, qui se fait dans l'Église de Genève depuis 1716 ou 1717, n'a fait qu'augmenter de sorte que si on ne remédie pas à cette situation, on peut craindre de finir par ne plus rien chanter. On n'en comprend pas les raisons et on n'en voit pas de solides mais JA pourrait demander aux ministres le pourquoi d'une telle pratique. Les Psaumes consolent dans l'adversité et gardent l'âme dans la plus parfaite égalité dans la prospérité. Ils espèrent que JA, dont le rang est tellement haut dans l'Église et dont le zèle est si grand pour la maison de Dieu, pourra remédier à cette situation avec ses collègues, qui sont également les pasteurs des expéditeurs. Ceux-ci demandent que cette lettre leur soit transmise et font des vœux pour la santé chancelante de JA.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lettre signée des initiales N.N., P.S., F.V., C.L., B.J. La date est proposée par rapport à celles qui sont citées dans la lettre; en outre, la Compagnie des pasteurs se pencha sur la question des Psaumes en janvier 1718 et décida de réduire le chant du psaume qui précédait le sermon à Saint-Pierre en hiver (voir RCP 20, 21.01.1718, f.624). C'est par rapport à cette décision que nous proposons une datation qui reste néanmoins fortement hypothétique. Nous n'avons pas été en mesure d'identifier les expéditeurs.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre