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Lettre 1024 de François Janiçon à Jean-Alphonse Turrettini

Paris 14.11.1696

A présent que

Janiçon, qui est de retour à Paris, reprend son commerce avec JA et lui envoie, pour commencer, l'extrait d'une lettre de Bayle à l'un de ses amis [Basnage de Beauval]. Depuis, Bayle lui a envoyé une nouvelle lettre dans laquelle il lui explique que la publication de son Dictionnaire a été retardée par les chicanes de certains libraires qui, ayant obtenu des États le privilège pour réimprimer le Dictionnaire de Moreri, accusent Bayle d'avoir usurpé le titre et exigent de lui qu'il...

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Paris 14.11.1696


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.10.I


A présent que


Janiçon, qui est de retour à Paris, reprend son commerce avec JA et lui envoie, pour commencer, l'extrait d'une lettre de Bayle à l'un de ses amis [Basnage de Beauval]. Depuis, Bayle lui a envoyé une nouvelle lettre dans laquelle il lui explique que la publication de son Dictionnaire a été retardée par les chicanes de certains libraires qui, ayant obtenu des États le privilège pour réimprimer le Dictionnaire de Moreri, accusent Bayle d'avoir usurpé le titre et exigent de lui qu'il retranche ce terme. Les États ont tranché en enjoignant à Bayle de mettre son nom à la tête de son ouvrage, ce qu'il n'avait pas eu au début l'intention de faire. Il lui écrit aussi que La Placette, ministre français de Copenhague, vient de publier un livre intitulé Insanabili Scepticismo Ecclesiæ romanæ. Il prétend prouver que dans l'Église catholique il n'y a aucun fondement certain de la foi et que cela conduit tout droit au pyrrhonisme. Il faut dire que les controversistes catholiques rétorquent la même accusation aux protestants, à propos de leur principe de l'examen. Si le principe d'autorité des catholiques est sujet au même inconvénient, où ira-t-on? Le positif, dans toute cette affaire, vient de ce qu'au milieu de toutes ces subtilités, la plupart des gens des deux confessions ne doutent de rien et sont aussi persuadés des articles de leur foi que de la propriété des nombres. On lui mande aussi qu'on a publié dans ce pays-là les Œuvres mêlées de Chevreau. Ce sont des lettres où se trouvent de jolies choses mais un peu pédantes. L'auteur est un homme de quatre-vingts ans qui s'est retiré depuis plusieurs années dans sa ville de Loudun avec une pension que lui verse le duc du Maine. Parmi les nouveautés à Paris, il y a les Mémoires de Bussy-Rabutin et les nouvelles remarques sur l'état ancien de la Gaule d'un auteur dont il a oublié le nom [Mandajors, Nouvelles découvertes]. On a achevé d'imprimer la première partie du Nouveau Testament traduit par Bouhours [Paris, 1697] mais il ne paraît pas encore parce que l'auteur attend l'approbation de l'archevêque de Paris [Louis-Antoine de Noailles]. Ce prélat a fait mettre plusieurs cartons et ne veut pas que le nom de ce jésuite paraisse parce qu'il n'est pas assez sérieux ni assez autorisé pour signer un ouvrage de cette nature. On fait circuler quelques réponses à l'ordonnance de l'archevêque de Paris [Louis-Antoine de Noailles] contenant une Censure du livre de l'Exposition de la doctrine de la grâce [de Barcos] ainsi que quelques réflexions sur la censure par la Sorbonne du livre de la religieuse d'Agreda [María de Jésus, Mystica Ciudad]. Legrand, secrétaire de l'abbé d'Estrées, ambassadeur à Lisbonne, écrit de ce pays-là qu'on lui a fait espérer un manuscrit original du père Lobo. Il semble être très heureux de cela et Janiçon le comprend bien car ce jésuite, d'après Thévenot, connaissait très bien la haute et la basse Éthiopie ayant voyagé longuement là-bas. Nous lui sommes redevables de la connaissance des sources du Nil. On verra bientôt paraître l'éloge de quarante hommes illustres de ce siècle par [Charles] Perrault de l'Académie française. La publication en a été retardée parce que certains n'ont pas accepté qu'on y mette aussi Arnauld et Pascal. L'imprimeur, Dezallier, a fini par accepter de les remplacer par feu Thomassin de l'Oratoire. Janiçon n'a pas encore eu la réponse à la lettre qu'il avait écrite à JA avant son départ pour Blois. Il lui demandait si son ami de Berne l'avait remboursé de la somme qu'il avait dépensé à sa prière et remise à Madame de Cresseil. Dans cette même lettre, il lui disait aussi que, si cet ami n'était pas content de son solliciteur, il lui conseillerait d'en prendre un autre. Maintenant il supplie JA de lui transmettre cet avis et cela pour des raisons personnelles dont il lui parlera une autre fois;il lui demande pourtant de ne pas nommer Janiçon à cet ami. L'expéditeur, à cause de l'intérêt qu'il porte au roi [Louis XIV], n'a pas été mécontent de l'exécution effectuée à Marseille. Il regrette seulement que, des trois hommes exécutés, il y en ait eu deux natifs de Genève. Les parents du jeune homme que Janiçon a recommandé à JA et qui a passé quelques temps à Genève [Derval de La Boulonnière II] n'ont pas eu de nouvelles de leur fils depuis un certain temps.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Paris

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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