Lettre 682 de Jean-Alphonse Turrettini à Bénédict II Turrettini

Lettre autographe, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ea.5.7

J'ai receu vos deux lettres du 14/24 et du 18/28

JA ne peut toujours pas s'expliquer l'origine du retard de ses lettres. Pour ce qui est du procès de son oncle, JA sous la conduite de de Bie a vu les cinq commissaires chargés de l'affaire – [Antoine] Courtin, Marillac, [Jérôme (?)] Bignon, Le Peletier et [Achille III (?)] de Harlay. La recommandation de de Bie a fait un sensible effet. L'affaire fut rapportée le lundi et on leur dit de se pourvoir auprès du chancelier [Boucherat] pour avoir une audience au Conseil. JA a employé toutes ses relations pour l'obtenir et finalement il devrait pouvoir être entendu samedi prochain. [Daniel I] Martine lui a été d'un très grand secours dans toutes ses démarches. JA a fait de son mieux pour suivre cette affaire mais en prenant toujours des précautions pour sa santé. On enregistre du côté de la guerre deux actions très sanglantes, dont l'une pour les deux parties et l'autre tout particulièrement pour les alliés; on a eu sur les deux des relations que la famille sera contente de voir. La Cour n'est pas contente de la première action car elle a coûté la vie à nombre de braves mais la seconde a été accueillie avec joie car elle a coûté peu d'hommes. Certains sceptiques prétendent que cette dernière action n'est pas vraie et que la Cour la débite pour faire diversion; JA ne le croit pas, même s'il admet qu'il y a peut-être de l'exagération. Le prince d'Orange [Guillaume III] a rappelé, prétend-on, les troupes qui étaient entrées dans les lignes du côté de Lille et qui y ont levé deux millions cinq cent mille livres de contribution. Il semblerait aussi que certains régiments d'Angleterre aient reçu l'ordre de venir rejoindre en Flandre le roi [Guillaume III]. On attend un nouveau carnage. Monseigneur [Louis I de Bourbon] a reçu l'ordre de livrer bataille au prince de Bade [Ludwig Wilhelm I] et on a déjà débité la nouvelle, infondée, de la mort de celui-ci. [Jean-Baptiste (?)] Bordier, un des beaux-frères de [Jean] Petitot, a été tué ; un autre beau-frère [Étienne (?) Bordier] a été fait prisonnier et son propre frère [Paul Petitot] a eu l'épaule cassée. Le cousin Benjamin [Micheli] a été blessé à la tête mais on ne parle pas du cousin [Jacques Micheli] du Crest. JA demande des nouvelles du Piémont où, semble-t-il, les ennemis ont investi Pignerol. C'est là seulement qu'ils semblent pouvoir faire quelque chose puisqu'ils sont numériquement supérieurs. JA a eu nouvelle du paquet de Lyon mais il n'est pas encore arrivé. Le jeune [Gabriel (?)] Grenus est arrivé depuis deux jours de Hollande et Gallatin [III] y est parti depuis une dizaine de jours. Le blé a beaucoup renchéri et la moisson a été mauvaise, contrairement aux attentes. La liste des morts et des blessés qui est à la fin de la première relation n'est pas complète ni entièrement fiable.

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