129 Lettres

Lettre 2540.1 de Léonard Baulacre à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 01.11.1714 [21.10/1.11.1714]

J’ai rendu les lettres

Baulacre a remis les lettres de JA aux destinataires. [Ludwig Friedrich] Bonet remercie, empêché de le faire lui-même à cause de ses rhumatismes. L’évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet] a eu du plaisir en recevant la sienne ; JA, qui l’a félicité pour sa nouvelle charge, a été mal informé, comme d’autres, en le croyant désormais aumônier du roi. Il lui sait néanmoins gré de ne pas avoir mis ce titre dans l’adresse de sa lettre, contrairement à ce qu’a fait [Jacques ?] Basnage. Pour ce qui conc...

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Londres 01.11.1714 [21.10/1.11.1714]


Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.14

Budé, Lettres, I, p. 207-211


J’ai rendu les lettres


Baulacre a remis les lettres de JA aux destinataires. [Ludwig Friedrich] Bonet remercie, empêché de le faire lui-même à cause de ses rhumatismes. L’évêque de Salisbury [Gilbert I Burnet] a eu du plaisir en recevant la sienne ; JA, qui l’a félicité pour sa nouvelle charge, a été mal informé, comme d’autres, en le croyant désormais aumônier du roi. Il lui sait néanmoins gré de ne pas avoir mis ce titre dans l’adresse de sa lettre, contrairement à ce qu’a fait [Jacques ?] Basnage. Pour ce qui concerne les vaudois, Burnet en a parlé avec compassion et a dit regretter que la vallée de Pragelas n’ait pas été comprise dans le traité de 1694 fait par Galway. Il en parlera au roi [Georges I] dès que celui-ci sera un peu moins occupé. Il n’y a rien à faire avec les épiscopaux rigides, ils ne s’adouciront jamais à l’égard des réformés. Preuve en est l’impossibilité d’obtenir de la Haute Église un quelconque secours en faveur des Églises réformées en détresse ; de telles aides ne viennent que des anglicans modérés. Les rigides viennent de composer un livre [Brett, The Review ?] pour prouver que le seul baptême valable est celui administré par les épiscopaux. Burnet a communiqué à Baulacre l’épitre dédicatoire au nouveau roi qui se trouve dans le dernier volume de son histoire de la Réformation [History of Reformation, 1715, vol. IIIe] ; au lieu des flatteries habituelles, la pièce souligne l’engagement du nouveau roi à être le protecteur de la religion. L’évêque a ajouté qu’il ne s’est pas privé, dans le dernier volume de son ouvrage, de manifester l’amitié et l’estime dans laquelle il tient JA, tout en sachant que celui-ci ne manquera pas d’en être fâché. Whitby vient de publier une Dissertatio de S. Scriptura interpretatio, qui est un ramassis des explications les plus impertinentes que les Pères ont données de certains passages de l’Écriture. En connaissant la vénération dans laquelle les épiscopaux rigides tiennent l’antiquité, Burnet a essayé, sans résultat, de convaincre l’auteur à ne pas publier son ouvrage. L’évêque avait rencontré deux jours auparavant la princesse de Galles [Caroline Wilhelmina de Braunschweig-Lüneburg-Hanovre]; il considère cette femme grande, bien faite de corps et doué de beaucoup d’esprit cultivé par des lectures, comme un présent divin pour les Anglais. Baulacre est retourné le voir le mardi suivant, comme il en avait été invité ; contrairement à ce que le prélat lui avait promis, il n’avait pas de lettre pour JA puisqu’il avait été très occupé. Au cours de la visite le Genevois a mangé avec les dames. Burnet a deux filles jumelles [Elizabeth II et Mary II] dont la taille est bien en dessous de celle de la famille. à ce propos on raconte que la reine Marie [II] a dit que l’évêque avait raison de partager les enfants en deux puisque, quand il en avait donné un seul, il l’avait fait trop gros. L’aînée [Elizabeth II] est mariée depuis quelques mois avec West, qui s’est consacré au droit. Ils vivent chez l’évêque. On a servi du très bon raisin de Salisbury, ce qui a consolé un peu Baulacre de ne pas pouvoir faire les vendanges. Il se réjouit que la grêle n’ait pas endommagé les vignes de JA à Satigny Baulacre a assisté le jour avant au couronnement du roi Georges ; la cérémonie a été très belle, en particulier le défilement des Pairs d’Angleterre et d’Écosse, avec leurs costumes cramoisis doublés d’hermine et la couronne sur la tête. La procession a eu d’autant plus d’éclat que, en général, les hommes sont beaux et bien fait dans le pays. Baulacre et [Ami] Lullin ont bénéficié de la place que leur a donnée Bonet. Le vieil archevêque de Canterbury [Tenison] a eu la force, malgré l’âge, de poser la couronne sur la tête du roi. C’est l’évêque d’Oxford [William Talbot] qui a prononcé le discours. Baulacre n’a pas pu voir Townshend, très occupé depuis qu’il est secrétaire d’État, mais il lui a remis la lettre de JA. L’autre secrétaire d’État, [James] Stanhope, va à Vienne. La rumeur veut qu’il fasse ce voyage en raison de l’échange qu’envisage l’Électeur de Bavière [Maximilien II Emmanuel von Wittelsbach] de ses États héréditaires contre la Flandre que lui remettra l’Empereur [Karl VI]. Il y a là de quoi intriguer la Hollande et l’Angleterre. À propos d’échanges, Baulacre avait fait part à l’évêque de la rumeur entendue par JA selon laquelle il y aurait le plan d’échanger la Sicile contre Genève ; Burnet s’en est enquis auprès du secrétaire d’État mais personne n’a rien entendu à ce propos. Il a très peu de nouvelles littéraires. L. C. [Jean Le Clerc] lui a communiqué qu’on avait commencé l’impression de son histoire du premier siècle, qui se fera assez vite puisque la copie est prête ; on y ajoutera celle du IIe siècle parce qu’autrement le volume serait trop petit. Après cela, il pourra revenir à l’Ancien Testament. La guerre que lui mène [Jean] Masson continue mais Masson lui-même fait l’objet d’attaques ; on vient en effet d’imprimer une plaisanterie intitulée Chef d’œuvre d’un inconnu qui s’en prend au ridicule de son érudition. Baulacre en connaît l’auteur [Saint-Hyacinthe]. Masson a chargé Baulacre de transmettre ses compliments à JA dont il parle avec beaucoup d’estime. Baulacre a parlé à divers libraires des livres que JA souhaite acquérir. Ils ne peuvent pas se charger de l’histoire de de Thou [Historiae, 1609-1614] au prix indiqué par JA. [Pierre] Du Noyer, le plus accommodant de tous, a dit qu’il a trouvé un exemplaire à Paris pour 24 francs. Les autres d’Angleterre sont déjà rares et coûtent 24 shillings. Baulacre ne peut pas s’occuper de la commission puisque son départ est imminent. Des Maizeaux et Vendargues se chargeront de voir s’il y a quelqu’un intéressé à l’échange proposé par JA. Il envoie ses salutations à la femme de JA [Julie], à son cousin [Samuel Turrettini] et à l’ami commun [Gabriel II] Rilliet. Il a vu le jour précédent [Henri] Du Quesne qui venait d’arriver.

Adresse


Lieux

Émission

Londres

Réception

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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