On avait reçu des nouvelles de Turin qui avaient quelque peu rassuré; en effet on disait qu'on n'attribuait pas la violence en question au Magistrat mais qu'on la considérait comme une suite des troubles qui agitaient la ville. À la demande de Turin, on restitua les prisonniers et une récente lettre du marquis d'Ormea fait espérer que l'affaire aura une issue heureuse. Pour ce qui est de [Michel] Léger, il y a eu beaucoup de plaintes puisque le jugement qu'on rendit sur lui n'entrait point dans...
On avait reçu des nouvelles de Turin qui avaient quelque peu rassuré; en effet on disait qu'on n'attribuait pas la violence en question au Magistrat mais qu'on la considérait comme une suite des troubles qui agitaient la ville. À la demande de Turin, on restitua les prisonniers et une récente lettre du marquis d'Ormea fait espérer que l'affaire aura une issue heureuse. Pour ce qui est de [Michel] Léger, il y a eu beaucoup de plaintes puisque le jugement qu'on rendit sur lui n'entrait point dans le détail de son Mémoire et des horribles faussetés qu'il y a débitées et, entre-temps, il a été rétabli dans ses fonctions. La discussion fut très vive en Deux-Cents et le comte [Bernard II de Budé] de Montréal fut parmi les plus animés; les cinq-sixièmes de l'assemblée le suivirent et on engagea même les syndics [Jacob Du Pan, Ludwig Friedrich Bonet, Jean-Louis Buisson, Jean II Lullin] à promettre que le Mémoire serait examiné incessamment et jugé selon les lois. Mais, à peine les Deux-Cents terminés, il se produisit une grande fermentation dans la bourgoisie et des attroupements en divers endroits. Plusieurs bandes allèrent vers le premier syndic [Lullin] et, à la tête de l'une d'entre elles, il y avait Vaudenet qui fit un discours très insolent et séditieux, en demandant entre autres qu'on défendît à la Compagnie des pasteurs de se prononcer sur les affaires publiques. Impressionné, le Petit Conseil rendit un jugement, le 4 avril, dans lequel, pour le bien de la paix, il renonçait à prendre une connaissance ultérieure du Mémoire de Léger, et réitérait son interdiction. Les autorités genevoises ont reçu une lettre du roi d'Angleterre [George II] dont ils ont envoyé une copie à LL.EE. de Zurich et de Berne; ce qu'il y a au sujet des affaires de la ville pourrait donner lieu à la lettre que les deux Cantons avaient projetée. Un avocat napolitain, Giannone, auteur d'une belle histoire de Naples, a été attiré en Savoie par une infâme trahison; mené garrotté à Chambéry, il a été récemment transféré à Miolan. Escher verra les détails de cette trahison dans le mémoire que JA joint à la lettre. C'est un très honnête homme, dont le seul crime consiste à avoir soutenu les droits des princes contre le pape.
Adresse
[Zurich]
Commentaire
Avec un mémoire, de main et auteur inconnus, en faveur de Pietro Giannone fait prisonnier par ruse sur les terres du roi de Sardaigne. JA a aussi copié le jugement du 04.04.1736 rendu par le Conseil à propos du Mémoire de Léger.