66 Lettres

Lettre 4849 de Jean-Alphonse Turrettini à Hans Kaspar II Escher

Genève 17.02.1736

Je croirois manquer

JA informe Escher de la situation déplorable dans laquelle se trouve Genève et de l'anéantissement inévitable du gouvernement. L'occasion a été procurée par des prisonniers [Fé, Michel Rey, Jean-Pierre Oltramare et Jérémie Oltramare] accusés d'avoir essayé de faire rentrer Micheli [du Crest, Jacques-Barthélemy] la nuit précédant le premier jour de l'an. Les parents de ces prisonniers firent venir un avocat savoyard [Chozalet] pour plaider leur cause mais le [Petit] Conseil ne le trouva pas à pro...

Genève 17.02.1736


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Zentralbibliothek (Zürich), FA v.Wyss III.102 (29)


Je croirois manquer


JA informe Escher de la situation déplorable dans laquelle se trouve Genève et de l'anéantissement inévitable du gouvernement. L'occasion a été procurée par des prisonniers [Fé, Michel Rey, Jean-Pierre Oltramare et Jérémie Oltramare] accusés d'avoir essayé de faire rentrer Micheli [du Crest, Jacques-Barthélemy] la nuit précédant le premier jour de l'an. Les parents de ces prisonniers firent venir un avocat savoyard [Chozalet] pour plaider leur cause mais le [Petit] Conseil ne le trouva pas à propos; la chose fut alors portée, mardi dernier, devant le Deux-Cents, qui confirma l'avis précédent. Aussitôt la résolution connue, les Compagnies bourgeoises s'assemblèrent par tout dans la ville, sans la participation des hauts officiers. Comme cela provoqua un grand tumulte, les 3e et 4e syndics [Ludwig Friedrich Bonet et Jacob II Du Pan] se rendirent avec leurs bâtons syndicaux là où les Compagnies étaient assemblées et leur ordonnèrent de se séparer, ce qui fut exécuté, bien qu'avec répugnance. Après cela on présenta au Conseil une protestation dans laquelle on déclarait que la démarche des syndics était contraire aux libertés, et notamment à celle qui octroie la possibilité de se réunir chaque fois que la généralité le trouve convenable. À cette représentation le Conseil répondit le 15 février que la démarche des syndics avait été faite pour sauvegarder la tranquillité publique, sans vouloir nullement porter atteinte aux prérogatives des citoyens et des bourgeois. L'après-dîner du même jour les Compagnies s'assemblèrent par tout et ne voulurent pas recevoir les hauts officiers. Quant aux ministres qui y étaient allés, chacun dans son quartier, certains furent bien accueillis, d'autres avec beaucoup de répugnance et d'autres enfin, comme [Antoine I] Maurice et JA, furent congédiés. Les sentiments et discours ont été très différents dans les diverses Compagnies, mais dans chacune on a nommé deux députés (le Conseil des Trente-Quatre) pour voir ce qu'il y aurait à faire. La fermentation est grande; il y a deux partis, les michelistes et les autres, mais ils se retrouvent quand il s'agit d'établir un Conseil d'en-bas, qui aura toute l'autorité, alors que celui d'en-haut ne serait plus que formel. On est à la veille d'une étrange révolution soit de l'intérieur soit de l'extérieur, car on a avis que des troupes viennent en Savoie.

Adresse

[Zurich]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Zurich

Conservation

Zurich


Cités dans la lettre