Lettre 4372 de Jacob Vernet à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.V.1-II

Budé, Lettres, III, p.382-383. Omissions. Extrait dans Budé, Vie de Vernet, p.51.

Nous ne sommes pas si

Vernet et Marc Turrettini écrivent avec moins d'empressement lors de leurs séjours que quand ils sont en route puisque JA se fait sûrement moins de souci quand il les sait en lieu sûr. Cela fait douze jours qu'ils ont débarqué ici; ils ont vu tellement de personnes depuis leur arrivée qu'ils ont dû prolonger leur séjour pour rendre les civilités aux gens qui les avaient rencontrés et pour voir toutes les choses qu'il y a à Amsterdam; c'est un véritable abrégé du monde. Ils ont dîné hier chez Châtelain l'aîné [Henri] qui est, de tous les ministres, celui qui pense le plus à l'anglaise et fait le plus de cas de l'Académie de Genève; il prêche très bien de même que [Théodore-François] Huet. [Brutel] de La Rivière serait à leur hauteur s'il pouvait réciter aussi bien qu'il compose. Il y a actuellement beaucoup de bons prédicateurs dans la ville, contrairement au passé. Vernet fait en sorte de ne pas heurter leurs sentiments et de dissiper ceux que certains ont sur l'Église de Genève; il faut inspirer aux jeunes ministres et aux proposants de Genève la modestie qui leur est convenable. Ils en manquent malheureusement, ce qui est très préjudiciable et fait naître le préjugé qu'il y a du libertinage à Genève. [Charles] de La Motte, correcteur, et [William] Smith, libraire, tous les deux très habiles gens au-dessus de leur profession et bons amis de [Jean I] Barbeyrac, les ont régalés avec leur compagnie. Ils ont également reçu des honnêtetés de la part de [Jean-Léonard (?)] Renaud, l'ancien précepteur de West-Cappel; ils ont vu [Théodore II] Tronchin, parent de JA qui, malgré son jeune âge, a du mérite et de la réputation. Ils sont très bien reçus et très fréquemment par [Gabriel] de Normandie, parent de Vernet. Celui-espère que JA s'intéressera au fils de de Normandie [Jean-Jacques], un jeune garçon, dont la mère [Charlotte] est une Le Clerc, qui vient d'arriver à Genève chez son oncle [François] de Rochemont. Ils ont eu peu d'occasions en revanche de voir [Paul] Bennelle, qui marie l'une de ses filles, et qui a invité Marc Turrettini à un bal chez lui. Vernet a eu le cœur serré quand il a vu [Jean] Le Clerc; ce grand homme n'est plus désormais qu'un corps sans âme dont les fonctions animales sont régulières mais qui n'a plus ni mémoire ni discernement. Le nom du fils de JA ne l'a point frappé, alors qu'on sait qu'il avait souvent à la bouche celui du père. Il paraît qu'il citait souvent une lettre de JA dans laquelle celui-ci lui racontait avoir bu à sa santé avec [Jean-Robert] Chouet et d'autres de ses amis et regrettait qu'il ne fût pas avec eux; depuis il répétait souvent "oui, je veux y aller" mais il ne sait plus ce qu'il dit ni ce qu'il veut. Quelle chute! sa femme est très attendrie par son état; elle les a reçus très civilement et leur a montré la bibliothèque de son mari, qui est très bien assortie, avec beaucoup de livres de théologie et de littérature. Tout ce bien passera au dernier vivant, selon l'usage de ce pays. Il faudrait que JA fasse réponse à la lettre de Guillemardet. Tronchin et Neufville [Jaucourt] demandent à JA une attestation ecclésiastique pour être reçus à l'Église wallonne. Ils ont fréquenté l'Église anglaise mais il leur convient de se ranger parmi les Français. Le premier s'appelle Théodore et il a été reçu au baptême par Roques à Bâle, le second se nomme Louis et a été proposant à Genève pendant quelques mois. Ils auraient besoin d'un certificat de la main de JA qui porte qu'ils ont été reçus à la cène et qu'ils ont fait profession de la religion réformée. Vernet a fait des recherches sur l'antagoniste que JA croit avoir en Hollande mais il n'a rien trouvé. Tout ce qu'il y a est ce que Barbeyrac a mandé à JA dans sa lettre, à savoir qu'un professeur de Groningue avait attaqué JA dans l'une de ses thèses, en mettant néanmoins en doute que JA soit l'auteur du De interpretatione. Tout le monde attend avec impatience l'abrégé d'histoire ecclésiastique de JA; il faut que celui-ci"tienne sa promesse, autrement il risque de voir arriver la même chose qu'avec le De interpretatione. Vernet a toujours oublié de dire à JA que [Samuel] Werenfels souhaitait que celui-ci donnât encore au public de ces pièces de théologie si propres à former le bon goût en s'insinuant agréablement dans l'esprit. Vernet a prêché dimanche à la grande Église devant un très grand public. Pic a été appelé à Cork. Le juif Vitta, filleul de JA, qui vient d'Angleterre et est fort misérable, compte aller à Genève; en le dissuadant de prendre un tel parti, le fils de JA lui a donné l'équivalent de deux écus. Vernet aimerait être tenu au courant pour ce qui concerne [Du Plan] du Cayla. Il lui semble qu'il faudrait s'engager avec Guillemardet à garder les ouvrages dont il parle tant qu'il le voudra. Il y a un ... [nom non lu] de lui sur le Concile de Trente qu'il ne faudrait pas laisser échapper.

Adresse

Genève

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre