Lettre 4326 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.372-374. Omissions.

Il est facheux

Il est fâcheux qu'on fasse encore des difficultés à Lausanne au sujet des deux étudiants vaudois, [Daniel-Joseph] Appia et [Jacques] Peyran, puisque le secrétaire [Hirzel III] s'est expliqué d'une manière très claire; il lui a dit avoir payé à Zurich à un commis de Meilier la pension pour les trois premiers mois de l'année 1732, destinée à l'hébergement d'Appia. Si maintenant [Georges] Polier [de Bottens] veut avoir la dite pension, il faut qu'il s'adresse au secrétaire, tout en avertissant Meilier. À Zoug, les deux landammans [Jean-Baptiste Andermatt et Klemens Damian Weber] ont été condamnés à la prison perpétuelle et au payement de tous les frais, ainsi que de ceux de leur nourriture future; on ne leur accorde que du pain, de la soupe et un demi-pot de vin par jour. Ces conditions ruinent totalement l'un des deux, Weber, alors que l'autre ne sauve pas grand-chose; c'est pourquoi les juges ont décidé, avec beaucoup de sagacité, que quand les biens de l'un ne seraient plus suffisants, on prendrait de ceux de l'autre; on sera de toute façon obligé de nourrir celui qui n'a rien. Au mois de mai se réunira le Conseil général qui, seul, a le droit de changer la sentence mais en tout cas l'argent a déjà été versé et distribué. La distribution s'est faite du reste dans la bagarre, puisqu'une faction n'a rien voulu donner à l'autre. La Diète d'Aarau s'est conclue sur l'engagement de chaque député à faire un rapport fidèle à son Canton; une nouvelle assemblée est prévue après ces rapports et entre-temps aucun Canton n'entamera de négociations avec la France. On a décidé d'agir conjointement. Il faut dire que la situation a bien changé depuis 1663: aujourd'hui les États de l'empereur [Karl VI] entourent la Suisse pour une grande partie et la France n'a plus de voisin avec qui elle pourrait entrer en guerre et contre lequel elle pourrait employer des troupes suisses si ce n'est l'empereur. Tout – Dieu, la nature, le bon sens – engage les Cantons à respecter ces deux puissances en restant parfaitement neutres. On menace d'abolir l'alliance des Cantons catholiques, bien qu'il soit peu probable qu'elle se produise. Autrefois les Cantons catholiques s'étaient alliés au roi d'Espagne Philippe II et l'alliance stipulait le secours des troupes espagnoles contre les protestants; et pourtant la providence a préservé ces derniers d'une telle éventualité. Depuis un mois des bruits courent selon lesquels les Cantons catholiques, et notamment celui de Schwytz, voudraient faire irruption à Zurich; on est obligé, pour contenter le peuple, de faire la revue de la milice, qui s'y est prêtée avec beaucoup de bonne volonté. Escher, quant à lui, n'en croit pas grand-chose: la providence ne permet pas ce genre de choses et on n'a pas vu en Suisse de tels excès depuis 400 ans qu'elle subsiste. À la fin de la lettre, il demande à JA la discrétion sur ce qu'il lui a écrit; la confiance qu'il a en lui l'a peut-être mené trop loin dans ses réflexions.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre