Lettre 4308 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

J'ay bien recu... 16 d'octobre

La résolution des Cantons sur la requête des pasteurs des Vallées leur a été favorable; elle a été malencontreusement envoyée directement à Paul [I] Appia. Escher a reçu le traité de JA sur la providence [Theses, 1731] et la suite du Traité sur la vérité de la religion chrétienne [Vernet, section III-IV, 1731 (?)]. La matière est de la dernière importance et JA la traite, comme d'habitude, avec solidité. Escher considère la croyance dans la providence miséricordieuse comme le meilleur fondement de la morale et la plus ferme consolation d'un homme raisonnable. Platon a eu là-dessus des pensées admirables et Marc-Aurèle l'a entrevue; les expiations des païens montrent qu'ils la pressentaient mais leur méconnaissance de la véritable nature de l'être infini les a plongés dans des cérémonies ridicules. Depuis sa dernière lettre, Escher a su qui était de Crinsoz; c'est le même de Bionnens qui a attaqué si mal à propos JA. Il a fort bien fait de changer de nom. Il donne par la suite quelques nouvelles concernant sa famille: son père [Hans Jakob II], âgé de 75 ans, est incommodé depuis plusieurs mois d'une rétention d'urine, qui ne lui permet pas de fréquenter assidûment le Conseil. Son fils unique [Johann Ludwig] est malade mais supporte son état en vrai philosophe chrétien; il a une fille de 15 mois [Regula]. Il a également de sa fille aînée [Susanna Holzhalb] une petite fille de 7 ans et de sa seconde fille [Dorothea II Escher] deux petits-fils [Hans Jakob V et Hans Kaspar III] dont le père est un Escher [Johannes IV], jeune homme de bonne conduite et petit-fils du bourgmestre Heinrich [I] Escher. Il a enfin une dernière fille [Anna Elisabetha] qui n'est pas encore mariée. Il ne pensait pas arriver à l'âge qu'il a et c'est pourquoi il a décidé de rester veuf et de se débarrasser des affaires. Il est toujours reconnaissant à Dieu pour ce qu'il lui a donné. Le mois prochain il y aura une Diète des Cantons évangéliques pour délibérer de l'alliance avec la France; il est dommage que l'empereur [Karl VI], l'Angleterre et la Hollande aient abandonné les Cantons à leur caprice; les mauvaises conséquences ne sauraient tarder et on les leur reprochera. Les affaires de Zoug sont à nouveau brouillées; la populace veut absolument tout savoir de ce qui a été traité en 1715 et si les autorités ne le font pas, ils risquent leur vie et leurs biens. Il est probable que la populace soit animée par l'exemple de ses semblables des Cantons catholiques.

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