Lettre 4108 de Jean-Pierre Crousaz  à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.C.36

Budé, Lettres, I, p.298-303. Omissions.

Il y a... eu l'honneur

De Crousaz avait pensé qu'on lui confierait l'éducation du prince d'Orange [Willem IV Karel Hendrik Friso van Oranje-Nassau] et il avait été très bien reçu à la Cour, notamment par la régente [Marie van Oranje-Nassau] mais les intrigues de ceux qui étaient opposés à cette vocation firent échouer le projet. Il se trouve maintenant à Kassel où il a la charge d'éduquer le jeune prince [Friedrich II] dans la Cour paternelle. Il a essayé depuis le début de gagner la confiance de ce jeune homme et de lui faire sentir qu'il avait du plaisir à l'éclairer et à l'instruire; il a dû s'occuper non seulement de l'esprit mais aussi du corps, en lui apprenant à monter à cheval, à danser, à prendre de l'exercice, bref à en faire un soldat. Heureusement ce prince fait l'admiration de tout le monde, en Allemagne et à l'étranger; le roi d'Angleterre [George II] lui a même promis en mariage sa fille [Mary de Braunschweig-Lüneburg-Hanovre]. Il réussit aussi bien sur les champs de bataille que dans les études. De la façon dont les choses sont organisées, de Crousaz a pu reprendre, avec un plaisir doublé d'un nouvel enthousiasme, ses anciennes activités. L'éducation de son élève n'en subit aucun préjudice. Sa santé est dans le même état qu'il y a 40 ans, à quelques inconvénients près auxquels il a toujours été sujet. Les sciences et le ministère sont dans un triste état, là où il se trouve; la profession de pasteur est considérée comme un avilissement et les académies sont dans une telle situation qu'on en sort sans politesse, sans savoir-vivre et sans savoir tout court. Le ministre de la Cour, qui est un homme de mérite, voit tout cela et en est affligé sans en être découragé. Il est véritablement éclairé et véritablement chrétien; il connaît et pratique la vraie méthode de prêcher. De Crousaz essaie d'inspirer au prince l'amour des ministres et de la religion et invite le ministre deux fois par semaine pour les repas. Il a achevé son Examen du pyrrhonisme et l'aurait donné plus tôt à l'imprimeur s'il n'avait trouvé à propos et même nécessaire de convaincre les courtisans à ne pas s'effaroucher d'un homme de lettres. Il en envoie le plan à JA et lui demande conseil sur l'opportunité de le publier par souscription; son correspondant est toujours le centre de la République des Lettres.

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[Genève]

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RĂ©ception

Genève

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