Lettre 4035 de Jean IV Sarasin Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.S.6

Si j'étois à Genêve

En ce début d'année, Sarasin adresse à JA ses vœux les plus ardents pour l'affermissement de sa santé; il est actuellement le seul soutien de l'Académie. Il se réjouit de bénéficier de ses lumières quand il sera de retour à Genève après Pâques. Un homme qu'il a connu en Angleterre et qui avait rencontré JA lors de son séjour à Genève lui a donné les papiers ci-inclus qui concernent la famille de JA et qu'il a eus en Italie. Il les avait gardés par mégarde parmi les siens depuis ce temps-là. Sarasin ne sait pas ce qu'ils contiennent ni si ça vaut la peine de les envoyer mais peut-être ils feront plaisir à son correspondant. Il a retiré des mains de Mallet la souscription que [Jacob] Vernet lui avait remise pour l'ouvrage de Catrou et Rouillé [Histoire romaine, 1729]. À La Haye, Sarasin a rencontré [Jacques] Saurin à qui il a donné la lettre de présentation de JA. Il l'a vu souvent et lui a trouvé des sentiments de modération et de tolérance qui l'ont surpris et ont contribué à l'attacher à lui. Saurin fait preuve d'affection pour Genève, envie la liberté dont jouit l'Église et en recommande le séjour. Il a aussi vu Chion qui a beaucoup contribué à l'établissement de [Charles] Chais. Il lui a paru bien intentionné pour ceux qui ont étudié à Genève et chercheraient à s'établir en Hollande. C'est un pays où l'enseignement de la théologie dans les académies est déplorable et on trouve très rarement de bons sujets. Ici [Gabriel] Dumont est l'objet d'une estime générale et il se donne beaucoup de peine; c'est dommage qu'il n'en remporte que la gloire. Sarasin plaint la personne qui lui succédera puisqu'il sera difficile de trouver quelqun qui s'acquitte aussi bien que lui de son devoir. On ne sait pas encore sur qui l'ambassadeur [Meer] jettera les yeux. On lui écrit de Londres que Samuel Clarke prépare une édition avec notes d'Homère [Ilias, 1729] ; Woolston n'arrête pas d'écrire contre les miracles de Jésus-Christ et on parle de la réponse que l'évêque de Londres [Gibson] aurait faite à son ouvrage [A Discourse] dans une lettre pastorale adressée à son diocèse [1728]. Il l'enverra à JA dès qu'il la recevra. Il croit que le père Le Courayer ne tardera pas à mettre au jour une histoire détaillée [Relation historique] de l'origine et des progrès de la dispute qu'il a soutenue. Sarasin n'a pas encore pris connaissance des nouvelles en France puisqu'il vient d'arriver dans le pays mais il rendra très volontiers service à JA si l'occasion s'en présente.

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