21 Lettres

Lettre 3795 de Jacques Serces à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 10.07.1727 [10.07.1727 (n.s.)]

Si je croyois que

Plusieurs personnes en vue en Angleterre sont bien disposées à l'égard de Serces; le chevalier Wynne lui a même procuré un petit bénéfice de 90 livres sterlings, en lui en promettant un meilleur dès que l'occasion se présenterait et son grand-oncle, le comte [Russel] d'Oxford, se joindra à ses efforts. La veuve de feu l'évêque de Winchester [Trimnell] l'a présenté à l'évêque d'Ely son beau-frère [Green] et lui a promis de le recommander auprès de ce prélat. Serces a lui-même rendu un petit servi...

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Londres 10.07.1727 [10.07.1727 (n.s.)]


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.S.14


Si je croyois que


Plusieurs personnes en vue en Angleterre sont bien disposées à l'égard de Serces; le chevalier Wynne lui a même procuré un petit bénéfice de 90 livres sterlings, en lui en promettant un meilleur dès que l'occasion se présenterait et son grand-oncle, le comte [Russel] d'Oxford, se joindra à ses efforts. La veuve de feu l'évêque de Winchester [Trimnell] l'a présenté à l'évêque d'Ely son beau-frère [Green] et lui a promis de le recommander auprès de ce prélat. Serces a lui-même rendu un petit service à un professeur de médecine, qui veut maintenant lui faire faire la connaissance de ses amis. Son évêque diocésain [Richard Reynolds] l'a félicité pour son anglais, ce qui lui fera peut-être prendre une décision à laquelle il songe depuis un moment et à laquelle ses amis le poussent, à savoir abandonner la prédication française et se concentrer sur la prédication anglaise. Cette perspective, à propos de laquelle il aimerait avoir les sentiments de JA, le tente beaucoup non seulement parce qu'il y a plus à gagner, mais aussi parce que les opinions rigides, l'esprit d'intolérance et le peu de goût pour la littérature qui règnent parmi les Français ne l'attirent pas beaucoup. S'il hésite pourtant, c'est parce qu'il sait qu'il aura toujours plus de facilité pour sa langue maternelle, ce qui peut rendre son ministère plus utile. Serces compte imprimer finalement son Traité sur les miracles qu'il a considérablement augmenté. Il avait pensé en réalité ajouter davantage d'additions, suite à la lecture de Fleetwood et de Hoadly mais tel n'a pas été le cas: le premier est, grosso modo, dans les idées de Serces et de JA mais parfois il tombe dans une obscurité embarrassante; le second suit le sentiment ordinaire et il lui semble avoir attaqué davantage la méthode du premier que ses idées. Serces a pensé que [Jean] Le Clerc serait le plus à même de faire imprimer son travail de par ses contacts avec les libraires; il prie JA, qui est en correspondance avec lui, de lui en mander un mot s'il le juge opportun. Collins devrait publier sous peu quelque chose sur la même matière des miracles, s'étant d'abord attaqué à détruire les preuves par les prophéties. La grande chronologie de feu Newton est sous presse. Serces remercie JA de lui avoir envoyé ses thèses sur les miracles [Disputatio, pars quarta-quinta, 1725-1726] ; il les a lues avec beaucoup d'intérêt et il en a été tellement impressionné qu'il a songé un moment à renoncer à sa propre publication. Il n'a pas trouvé parmi ses livres la Nubes Testium de JA, qu'il a dû offrir à quelqu'un à Genève; il aimerait en avoir un exemplaire. Serces voulait montrer aux ministres français le Nouveau Testament de Genève [1726] mais il ne s'est pas encore résolu à le faire, après avoir entendu toutes les accusations de socinianisme lancées contre Lenfant et [Isaac] de Beausobre pour avoir fait vouvoyer dans leur traduction du Nouveau Testament [Amsterdam, 1718] les gens qui s'adressent à Jésus; ce choix a été en effet fait à Genève aussi. Il est dommage que tous ces gens soient d'une si grande méfiance à l'égard de l'Église et de l'Académie de Genève. Il ne conseille à aucun Genevois de venir s'établir parmi eux; fût-il plus orthodoxe que Calvin, il lui faudrait de grands efforts pour les convaincre qu'il n'est pas arminien. Il y a quelque temps, on lui a dit qu'un réfugié qui soupçonnait JA de socinianisme avait écrit à celui-ci en lui demandant de se disculper publiquement de cette accusation. Ignorant tout de cette affaire, Serces a répondu que JA serait à plaindre s'il devait répondre au premier fou de ce genre. Depuis son retour, il n'a pas préché dans les Églises françaises, il fréquente tant qu'il peut les Anglais. Les Églises françaises sont du reste dans une sorte de convulsion à la suite de la proposition de cesser de chanter la vieille version des Psaumes et d'en prendre une nouvelle. Les Consist"oires se sont réunis à plusieurs reprises mais aucune décision n'a été prise. On entend partout des plaintes et des lamentations à l'idée de changer. S'ils devaient se décider à le faire, ils n'adopteraient pas la version genevoise [1700] qu'ils trouvent mauvaise tant pour la poésie que pour la musique. Depuis son retour, il est allé une fois rendre visite à l'archevêque [Wake] mais, bien que [Hans Heinrich II] Ott l'eût prévenu sur l'identité du visiteur, il semblait avoir complètement oublié qui était Serces. Il faudrait peut-être que JA lui rappelât ses recommandations. On pense ici qu'il aura plus de crédit à la Cour que sous le feu roi [George I]. Il a communiqué à Fontenelle les trois dissertations sur les lois naturelles de Samuel Turrettini [Dissertatio theologica de lege naturali, pars prima-tertia] ; il a semblé les apprécier beaucoup. Il félicite Samuel Turrettini qui a été choisi comme recteur à la place d'[Antoine] Maurice.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Londres

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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