37 Lettres

Lettre 3794 de Daniel Ernst Jablonski Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Berlin 09.07. et 05.08.1727

Novissimis Tuis

Au moment où, trois ans auparavant, Jablonski recevait l'ouvrage de JA [Disputatio, pars prima, 1724], sortait celui de Cyprian [Abgetrungener Unterricht, 1722 (?)], véritable outrage pour les réformés et fossoyeur de toute tentative irénique. Il lut ce livre avec horreur et tristesse et l'offrit au responsable des affaires ecclésiastiques, le baron Printzen, en lui montrant la nécessité d'en faire une réfutation. Printzen parcourut l'ouvrage et reconnut qu'il fallait le réf...

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Berlin 09.07. et 05.08.1727


Lettre autographe, signée. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.J.1

Budé, Lettres, II, p.91-94. Traduite en français. Incompléte et parfois fautive.


Novissimis Tuis


Au moment où, trois ans auparavant, Jablonski recevait l'ouvrage de JA [Disputatio, pars prima, 1724], sortait celui de Cyprian [Abgetrungener Unterricht, 1722 (?)], véritable outrage pour les réformés et fossoyeur de toute tentative irénique. Il lut ce livre avec horreur et tristesse et l'offrit au responsable des affaires ecclésiastiques, le baron Printzen, en lui montrant la nécessité d'en faire une réfutation. Printzen parcourut l'ouvrage et reconnut qu'il fallait le réfuter; sans que Jablonski s'y attendît aucunement, il lui confia cette charge. Bien qu'il ait détesté, depuis sa jeunesse, tout combat théologique, il accepta, à la condition d'obtenir le consentement du roi [Friedrich Wilhelm I]. Celui-ci était en effet nécessaire puisque le souverain, très soucieux de la paix ecclésiastique, avait interdit tout écrit polémique. Il faut se rappeler que le roi est entouré à la Cour d'une foule de luthériens qui, même si on écrit des choses en faveur de la paix mais qui leur déplaisent, les présentent au roi comme des écrits polémiques. Et en voici un exemple. Un certain théologien luthérien nommé Astmann, homme érudit et modéré, avait écrit, quelque temps auparavant, un livre destiné à promouvoir la paix ecclésiastique [Unpartheyische und nöthige Vorstellung (?)]. Il y montrait que les entraves à cette paix venaient surtout du côté luthérien et essayait d'éradiquer les préjugés répandus contre les réformés. Le livre plut beaucoup non seulement aux réformés mais aussi à ceux des luthériens les plus étrangers au zèle partisan, si bien qu'il fut inséré dans un recueil suisse d'ouvrages curieux. On fit néanmoins au roi une image tellement odieuse de cette pièce que, sans examen ultérieur, un décret royal ordonna qu'elle fût brulée; et ce décret aurait été exécuté si Printzen, qui s'était porté garant de la publication du livre d'Astmann, n'avait pas détourné la tempête en faisant preuve de beaucoup de prudence et d'adresse. Pour ce qui est du livre de Cyprian, il put être publié grâce à un homme illustre, très familier du roi et habitué de sa table, qui le lui avait présenté comme un livre modéré et inoffensif, pour lequel il fallait veiller afin qu'il ne fût pas attaqué par des querelleurs. Voilà pourquoi Jablonski demanda le consentement du roi, qu'il ne put en effet pas obtenir, son silence signifiant son refus de l'accorder. Il renonça donc au projet. Les choses en étaient là quand la lettre de JA vint secouer la torpeur. Jablonski demande sur cette affaire la discrétion de JA; il pense pourtant que ces choses devaient être dites de manière à bénéficier des conseils du correspondant. Il lui soumet une idée qui a germé dans son esprit et dans celui de Nolten: JA devrait écrire au nouveau responsable des affaires ecclésiastiques, Knyphausen, soit en son nom propre soit au nom de ses collègues pasteurs, en lui disant que trois ans auparavant a paru en Allemagne un livre de Cyrian qui porte atteinte non seulement aux réformés mais aussi à la paix ecclésiastique et à la majesté même du roi. Pour faire taire les justes récriminations des réformés, il serait donc souhaitable qu'il y eut une réfutation de la part d'un Allemand connaissant bien la situation ecclésiastique de son pays; JA devrait donc demander à Knyphausen de choisir un des théologiens soit de la Cour soit de l'Académie pour accomplir cette tâche. Il lui donne par la suite des détails sur les modalités pratiques de l'envoi de cette lettre, à condition naturellement que l'idée soit approuvée par JA. Un PS indique que l'envoi de la lettre a dû être retardé.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Berlin

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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