JA est heureux d'informer Le Clerc que son neveu [Jacques-Théodore Le Clerc] a été élu à la chaire des langues orientales. Il avait pour compétiteurs trois personnes qui ne manquaient pas de mérite et en particulier le petit-fils de feu le professeur [Louis I] Tronchin. Le neveu de Le Clerc et [Louis II] Tronchin se sont tirés avec beaucoup d'honneur des épreuves, aussi bien de celle sur le champ que de celle avec préparation de deux jours. Il lui donne la référence des textes sur lesquels les c...
Lettre autographe, signée, adressée. (F) Bibliothèque de Genève, Ms fr 481 (f.108-109)
Sina, Epistolario, IV, p.299-302.
Je me fais un plaisir
JA est heureux d'informer Le Clerc que son neveu [Jacques-Théodore Le Clerc] a été élu à la chaire des langues orientales. Il avait pour compétiteurs trois personnes qui ne manquaient pas de mérite et en particulier le petit-fils de feu le professeur [Louis I] Tronchin. Le neveu de Le Clerc et [Louis II] Tronchin se sont tirés avec beaucoup d'honneur des épreuves, aussi bien de celle sur le champ que de celle avec préparation de deux jours. Il lui donne la référence des textes sur lesquels les candidats ont été interrogés, tant en hébreu qu'en chaldéen. Le frère de Le Clerc [Daniel], bien qu'affaibli, travaille toujours; il a mis au net une traduction de la IèreSatire de Perse, avec des notes très amples et une belle préface. JA a vu les cahiers et en a été charmé; il espère que l'ouvrage sera publié. L'auteur des Mémoires [Barnaud] et ceux qui l'avaient fait travailler ont été mortifiés d'apprendre que Humbert avait manqué à la parole qu'il avait donnée à Le Clerc et que l'impression, qu'ils croyaient très avancée, n'en était même pas à ses débuts. Ce retard est malheureux car il aurait été bien de donner une relation exacte tant qu'il y a de l'intérêt pour l'affaire. Il faudrait donc presser [Jean-Frédérics] Bernard. Si Le Clerc juge que les conditions de l'auteur, à savoir un exemplaire complet de la Bibliothèque universelle et une dizaine de copies de l'ouvrage, sont excessives, il n'a qu'à les modifier. JA pense que l'ouvrage se débitera bien; même si les rigides l'ont emporté, il y a beaucoup de personnes modérées, parmi les magistrats mais aussi parmi les ecclésiastiques, ce qui laisse bien espérer pour le futur. JA ne laisse pas d'écrire à Berlin, en Angleterre et ailleurs que, si on veut que les luthériens s'adoucissent, il faut que les réformés en fassent autant, notamment sur des questions aussi obscures que la prédestination et la grâce. C'est aussi l'avis de l'archevêque de Cantorbéry [Wake]. Les rois de Prusse [Friedrich Wilhelm I], de Suède [Friedrich I], d'Angleterre [George I] et le landgrave de Hesse [Karl VIII], réunis pour l'affaire de Thorn [Torún], auront l'occasion d'aborder aussi la question de la réunion. Si on ne peut pas tout obtenir, on prendra du moins des mesures pour adoucir les esprits. JA a reçu la nouvelle édition de Grotius [De veritate religionis christianæ, 1724], dont la feuille de titre s'est malheureusement déchirée. Il aimerait que le libraire lui en envoie une nouvelle. Il attend avec impatience la suite de la belle Histoire des Pays-Bas et, surtout, des commentaires de l'Ancien Testament. Il a exhorté le neveu de Le Clerc à bien profiter des ouvrages de son oncle. Il serait bon que Le Clerc l'exhortât à agir de concert avec JA et son cousin [Samuel Turrettini] ; il faut s'appuyer les uns les autres dans les choses qui concernent le bien des sciences et de la religion.