Au moment où JA envoya à Escher la lettre latine que celui-ci a dû recevoir, il ne savait pas encore que les rois d'Angleterre et de Prusse avaient écrit de nouvelles lettres aux Cantons évangéliques [George I, "Aux Illustres", 1723; Frierdrich Wilhelm I, "Aux Illustres", 1723]. Or, serait-il possible que de lettres si puissantes et si pressantes ne sortent aucun effet? Tout ce dont il s'agit est de ne pas condamner des sentiments reçus chez la plupart des protestants, sentiments déjà partagés p...
Au moment où JA envoya à Escher la lettre latine que celui-ci a dû recevoir, il ne savait pas encore que les rois d'Angleterre et de Prusse avaient écrit de nouvelles lettres aux Cantons évangéliques [George I, "Aux Illustres", 1723; Frierdrich Wilhelm I, "Aux Illustres", 1723]. Or, serait-il possible que de lettres si puissantes et si pressantes ne sortent aucun effet? Tout ce dont il s'agit est de ne pas condamner des sentiments reçus chez la plupart des protestants, sentiments déjà partagés par les réformateurs (entre autres Bullinger) et qui ne sont guère contraires aux fondements de la religion, comme la Formula même le reconnaît dans la préface. Les Cantons mêmes, dans leur réponse à la première lettre du roi d'Angleterre ["Réponse", 1722], reconnaissent qu'ils ne sont pas unanimes sur ce sujet. Peut-on encore s'imaginer que la Formula ne constitue pas d'obstacle à la réunification? Qui peut mieux le savoir que ces grands princes qui travaillent actuellement à ce projet et ces docteurs luthériens qui ne cèssent de le répéter dans leurs écrits? Du reste ce qui s'est passé depuis quatre ou cinq ans dans le Pays de Berne montre que tant qu'on imposera la Formula, il y aura du chagrin et du mécontentement; JA sait bien qu'on y a apporté des adoucissements par les explications qu'on en a données mais cela ne suffit pas à assurer la tranquillité puisqu'on peut toujours contester ou interpréter différemment des explications. En 1675, on aurait dû en rester à la Confession helvétique, qui est certainement plus que suffisante pour conserver la pureté de la doctrine, et imposer le silence sur les questions controversées. JA a appris de bonne source que, si LL.EE. de Zurich voulaient s'adoucir sur le Consensus, Berne suivrait; quant à Bâle, ils sont de plus en plus favorables à l'abolition du formulaire. C'est pourquoi JA implore Escher de travailler à adoucir les esprits et de suivre les règles d'une douceur et d'une modération véritablement chrétiennes. Le Genevois n'a aucun intérêt particulier dans cette affaire, si ce n'est celui de la Suisse. Il demande à Escher d'en parler au bourgmestre son père [Hans Jakob II]. JA attend avec impatience l'arrivée du fils d'Escher [Johann Ludwig (?)] qui doit, à présent, avoir déjà quitté l'Angleterre.