Lettre 3039 de Jean Le Clerc à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 487 (f.306-307)

Sina, Epistolario, IV, p.33-35.

J'ai reçu de Mr Benelle

Le Clerc a lu la Nubes Testium de JA (qu'il a reçue avec le billet par [Paul] Bennelle) et l'a trouvée pleine de savoir, de bon sens et de prudence. Il espère que l'ouvrage produira un bon effet; au moins il servira à adoucir les esprits. Il lui semble que les théologiens luthériens sont maintenant plus traitables. Il faut que les Puissances poussent la choses mais elles ne s'occupent pas de la paix entre protestants. En Hollande, on ne trouvera pas de théologiens qui voudront en entendre parler, à cause de leur attachement au synode de Dordrecht; la décadence des études est très grande dans ce pays. La présomption des ministres est telle qu'ils disent tout ce qui leur passe par la tête sans avoir étudié, inspirés, en cela, par le coccéianisme. Pour ce qui est des politiques, ils les laissent faire et ne se donneraient pas la moindre peine pour adoucir les choses. Tout ce qui les intéresse, ce sont les avantages qu'ils peuvent tirer de leurs places. Le roi d'Angleterre [George I], quoique bien disposé, n'aura aucune influence sur la Hollande, qui ne lâchera pas son synode de Dordrecht. Ici, il suffit de dire du bien de ce synode pour être considéré comme orthodoxe, même si on est athée; c'est le cas de B[ayle] qui a dit les choses les plus odieuses contre la religion chrétienne sans qu'aucun théologien ne s'y soit opposé, certains arrivant même à l'approuver. Les Anglais ne feront rien; ils sont trop occupés par leurs querelles. Pourtant il faut toujours prêcher la paix, qui est un article capital de la religion chrétienne. Le Clerc a donné à [Daniel] L'Huillier deux exemplaires du volume XIII, première partie, de sa Bibliothèque [ancienne et moderne], l'un pour son frère [Daniel Le Clerc] l'autre pour le destinataire. Le Clerc verra l'Appendix avec plaisir. S'il lisait beaucoup de livres théologiques, il aurait offert à JA de lui chercher les passages qui pourraient lui être utiles; mais cela fait longtemps qu'il ne l'a plus fait et qu'il s'est tourné vers le sens littéral de l'Écriture, sans se mettre en peine des conséquences théologiques. Il a lu l'hiver passé, avec plaisir, les lettres de Calvin; si on y ajoutait d'autres lettres de la même époque, on pourrait faire une belle histoire de la vie du Réformateur, qui lui ferait honneur, même si cela dévoile ses défauts. Mais il ne peut pas le faire lui-même, n'ayant pas ce genre de livres et étant occupé à son ouvrage sur la Bible [Veteris Testamenti Prophetæ]. Il aura bientôt achevé Ésaïe; il y a réfuté souvent Grotius, en rapportant directement à Jésus-Christ ce que cet auteur ne lui appliquait que par le bais d'un événement de son temps. Il y aura beaucoup de passages expliqués littéralement.

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Genève

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Genève

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