134 Lettres

Lettre 3010 de Jean-Alphonse Turrettini à William Wake

Genève 22.02.1720 [22.02.1720 (n.s.)]

Je reçois tous les

JA remercie Wake d'avoir non seulement reçu très obligement le petit ouvrage qu'il lui a dédié [Nubes Testium] mais de lui avoir aussi envoyé de beaux et précieux livres [Fiddes, Theologia speculativa; A Collection of Tracts; Clagett, A Treatise; Bingham, Origines]. Pour ce qui concerne la Nubes Testium, JA se rend compte que son correspondant l'a reçue plus tard qu'il ne croyait et dans un autre état que celui qu'il avait désiré puisque c'est l'exemplai...

Lettre 3010 de Jean-Alphonse Turrettini à William Wake

Genève 22.02.1720 [22.02.1720 (n.s.)]


Lettre autographe, signée. (F)
Christ Church Library (Oxford), Arch. W. Epist.31 (89-90)

Extraits dans Sykes, Wake, II, p. 46.


Je reçois tous les


JA remercie Wake d'avoir non seulement reçu très obligement le petit ouvrage qu'il lui a dédié [Nubes Testium] mais de lui avoir aussi envoyé de beaux et précieux livres [Fiddes, Theologia speculativa; A Collection of Tracts; Clagett, A Treatise; Bingham, Origines]. Pour ce qui concerne la Nubes Testium, JA se rend compte que son correspondant l'a reçue plus tard qu'il ne croyait et dans un autre état que celui qu'il avait désiré puisque c'est l'exemplaire donné à [Jean-René] Senac qui lui est parvenu alors qu'il en avait envoyé plusieurs autres à Paris à [Ami] Lullin pour les faire tenir à [Ludwig Friedrich] Bonet. Pour pallier cet inconvénient, il vient d'en envoyer encore quatre exemplaires dans une balle pour Londres. JA apprend tous les jours d'Allemagne que l'ouvrage a été bien reçu, comme le prouve l'écrit [Schediasma irenicum] qu'on a envoyé de Ratisbonne à JA et qui est d'un luthérien qui partage les sentiments de JA au point d'en copier les mots mêmes. Il soupçonne que l'auteur pourrait être Pfaff [il s'agit en réalité de Klemm] mais il n'en est pas sûr. C'est écrit avec beaucoup de clarté et de piété. S'il plaisait à Dieu que les princes protestants donnent des marques publiques de leur volonté de promouvoir ce projet, celui-ci avancerait beaucoup. On croyait l'affaire de Lausanne terminée mais elle a rebondi à cause de la relation très défavorable qui a été rendue de la visite de l'Académie. Il est à craindre qu'on réintroduise des règlements rigoureux et des signatures rigides. Les ecclésiastiques de Zurich soufflent ce feu et on voit par exemple qu'un tel, qui a publié des livres en faveur de la réunification, se lance contre les universalistes, bien qu'on sache que rien ne rebute autant les luthériens que cette rigueur. Zurich a communiqué la nouvelle lettre de Wake au clergé protestant de Suisse ["Amplissimo viro Neuschelero"]. Les plus rigides font courir le bruit qu'il est favorable au Consensus en prenant prétexte d'une de ses phrases sans tenir compte de ce qu'il dit ailleurs et notamment là où il invoque la nécessité de garder toujours la prudence et la modération. Avec quelle prudence et quelle modération peut-on condamner la grâce universelle qui est un dogme contenu dans toute l'Écriture et partagé par l'antiquité chrétienne jusqu'à Gottschalk? En effet Augustin est, à plusieurs endroits, universaliste et tous les réformateurs l'ont été, de même que les protestants d'Angleterre et d'Allemagne. JA, chargé par la Compagnie de Genève, de répondre à Zurich, y a mis une phrase, qu'il transcrit, sur la réunification et sur les obstacles dressés par le manque de modération. Il a communiqué à [Bénédict] Pictet le présent que lui adresse Wake et le lui transmettra dès qu'il l'aura reçu. On vient de publier trois volumes de Sermons de Léger [1720], un collègue mort il y a un an; comme ils sont très judicieux, JA voulait les envoyer à Wake mais [Jean III] Sarasin a dit qu'il voulait s'en charger lui-même. Un des amis de JA [Johann Baptista Ott] lui a procuré un manuscrit sur la réunion datant de 1570 et intitulé Consilium de concordia; l'auteur est tellement modéré qu'on ne sait pas s'il est luthérien ou réformé mais ce qu'il dit sur la cène fait penser qu'il était luthérien. JA se propose de le publier avec quelques autres pièces du même type; cela fera un appendice à son ouvrage. Les affaires du Palatinat sont encore incertaines et il semble que l'Électeur [Karl Philipp III de Wittelsbach], complètement fidèle à Rome, veuille maintenir ce qu'il a fait. Les représailles qu'on a faites en divers endroits ne manqueront pas d'irriter les princes catholiques et ce sera une guerre de religion que les catholiques ont davantage de chances de gagner puisqu'ils sont plus unis que les protestants. C'est pou"rquoi la réunion serait quelque chose de très profitable. Les rois d'Angleterre [George I] et de Prusse [Friedrich Wilhelm I] sont maîtres de cette affaire s'ils le veulent. L'Europe est actuellement en crise à cause de la paix avec l'Espagne; JA souhaite que les amis de Genève pensent à ses intérêts, compte tenu des desseins que les catholiques ont toujours sur la République. C'est la grâce qu'on espère du roi d'Angleterre en particulier et JA prie Wake de s'y intéresser. Inquiet pour la santé de son correspondant, JA fait des vœux pour son rétablissement. Il lui demande aussi de continuer à être bienveillant à l'égard de [Hans Heinrich II] Ott.

Adresse

[Angleterre]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Angleterre

Conservation

Oxford


Cités dans la lettre