Le Seigneur veuille
La santé de de Crousaz est très bonne et cela est d'autant plus surprenant que sa tristesse est grande mais l'effet ordinaire de cet état sur lui est de le faire dormir; comme disait Descartes, la tristesse donne de l'appétit et ne nuit pas à l'estomac. Il se trouve, plus ou moins, comme le premier jour et il vit au jour le jour. C'est la leçon qu'il a apprise de son fils [Samuel] mais cela ne fait que renouveler le souvenir de cet enfant qui concevait la vie comme un voyage qu'il importe de fai...
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Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F) Bibliothèque de Genève, Ms fr 486 (f.78-79)
La santé de de Crousaz est très bonne et cela est d'autant plus surprenant que sa tristesse est grande mais l'effet ordinaire de cet état sur lui est de le faire dormir; comme disait Descartes, la tristesse donne de l'appétit et ne nuit pas à l'estomac. Il se trouve, plus ou moins, comme le premier jour et il vit au jour le jour. C'est la leçon qu'il a apprise de son fils [Samuel] mais cela ne fait que renouveler le souvenir de cet enfant qui concevait la vie comme un voyage qu'il importe de faire heureusement. Il peint d'autres traits de caractères de son fils défunt et conclut en disant que, mise à part l'amitié qui le lie à un certain nombre de personnes respectables par leur vertu, tout lui est indifférent. Il renverra à JA à la première occasion les livres que celui-ci lui a prêtés; son Traité de l'Education paraîtra dans l'année. L'Académie a écrit à l'avoyer [Christoph Steiger] et à quelques seigneurs en les priant de ne rien décider sans l'avoir entendue au préalable puisqu'il n'y a pas de convergence sur les faits eux-mêmes. Quant à sa personne, il ne se fait pas de soucis et l'état d'indolence dans lequel il se trouve conviendra parfaitement à la situation. Il a reçu une lettre du baron de de Stain qui lui fait part de ses ennuis de santé.
Genève
Il est vraisemblable que cette lettre remonte au début de l'année 1720; en effet de Crousaz apparaît encore très affectée par la mort de son fils Samuel, décédé en décembre 1719. Son état d'âme semble très proche de celui qu'il exprime dans la lettre à JA du 14.12.1719, lettre dans laquelle il annonce la disparition de son enfant. En revanche, dans la lettre du 20.02.1720, les affaires courantes semblent avoir repris le dessus et aucune allusion n'est faite au deuil; c'est pourquoi nous faisons l'hypothèse que notre lettre précède celle de février 1720. Un argument qu'on pourrait avancer contre cette datation est la mention faite par de Crousaz de son Traité de l'éducation, censé paraître dans l'année, alors que sa publication n'interviendra qu'en 1722. On sait cependant que l'ouvrage était déjà prêt en avril 1720, ce qui rend vraisemblable l'affirmation de de Crousaz.
Crousaz Samuel Descartes René Stain Johann Friedrich Steiger Christoph ➤ Lister (4)
Lausanne/Consensus Maladies/Mélancolie ➤ Lister (2)