73 Lettres

Lettre 2946 de Jean-Alphonse Turrettini à William Wake

Genève 09.07.1719 [09.07.1719 (s.n.)]

Je rends mes tres-humbles

JA est content que Wake ait apprécié les œuvres de Werenfels [Opuscula] et il n'a pas manqué de communiquer à celui-ci, qui prend actuellement les eaux en Lorraine, toutes les choses obligeantes que l'archevêque a dites de lui. La lettre de Wake au clergé de Suisse [Epistola cum responsionibus, 1720] a été finalement vue à Zurich et de là envoyée à Berne, Bâle, Genève etc. La lettre d'accompagnement de Zurich à Genève marque que les divisions seront bientôt terminées et que la C...

Lettre 2946 de Jean-Alphonse Turrettini à William Wake

Genève 09.07.1719 [09.07.1719 (s.n.)]


Lettre autographe, signée. (F)
Christ Church Library (Oxford), Arch. W. Epist.31 (72-75)

Adams, Wake's Gallican Correspondence, I, p.330-337.


Je rends mes tres-humbles


JA est content que Wake ait apprécié les œuvres de Werenfels [Opuscula] et il n'a pas manqué de communiquer à celui-ci, qui prend actuellement les eaux en Lorraine, toutes les choses obligeantes que l'archevêque a dites de lui. La lettre de Wake au clergé de Suisse [Epistola cum responsionibus, 1720] a été finalement vue à Zurich et de là envoyée à Berne, Bâle, Genève etc. La lettre d'accompagnement de Zurich à Genève marque que les divisions seront bientôt terminées et que la Confession helvétique, le synode de Dordrecht et le Consensus sont de bons moyens d'entretenir la paix. Celle de Berne fait mention de la Confession helvétique et du Consensus comme conditions pour garder l'unité de l'Église. Celle de Bâle affirme qu'ils sauront remédier aux inconvénients qui pourraient naître des divisions dont parle Wake dans sa lettre. Tout cela fait penser à JA que l'antistès [Johann Ludwig Nüscheler] ne se rend point aux considérations sages et modérées de Wake. Malgré cela, sa lettre a fait beaucoup de bien et ceux qui ne sont pas aveuglés par les préjugés l'ont beaucoup appréciée, particulièrement à Bâle. Contrevenant à l'usage qui veut que Zurich réponde au nom de toutes les autres Églises, il se peut que Bâle fasse sa propre réponse particulière, de même que Neuchâtel, une des Églises les plus sages, à condition qu'on lui communique la lettre, ce qui n'est pas encore le cas. On est convaincu que la lettre de Wake, de même que les autres qu'il a adressées à JA, ont empêché les suites fâcheuses de la visite de Lausanne. En effet, malgré la franchise des Lausannois au sujet du Consensus, les choses en sont demeurées là et il y a apparence qu'on n'en reparlera plus. On continuera à signer simplement mais on déclarera que l'intention de LL.EE. n'est pas de faire considérer ces articles comme des articles de foi mais comme des moyens d'éviter les disputes. Il y a quinze jours [Franciscus] Papay et [Paul Ernst] Jablonski, recommandés par Wake, sont arrivés à Genève. On a proposé l'affaire de Papay à la Compagnie qui, à son tour, l'a recommandée au Magistrat qui lui a accordé une subvention de 200 écus; la somme est modeste mais en ce moment les dépenses sont nombreuses à cause des fortifications. On a aussi défrayé Papay de sa dépense. Après Genève, ils sont allés à Berne et à Zurich où JA les avait recommandés. Leur affaire sera présentée aussi à la Diète qui se tient en ce moment. JA remercie Wake de l'avoir renseigné concernant l'Église gallicane; il ne soupçonnait pas que les choses fussent allées si loin. On doit espérer que tout cela donne des suites mais il est à craindre que l'accouchement ne soit très difficile. Combien de démêlés y a-t-il eu entre la Cour de France et celle de Rome sans que cela n'aboutisse à quoi que ce soit? Il y a aujourd'hui certainement davantage de lumières que dans le temps mais il faudrait aussi plus d'amour et de vertu. On fait – semble-t-il – des assemblées dans plusieurs provinces et la Cour de France a été avertie que le cardinal Alberoni les incitait à se soulever. On fait tout ce qu'on peut pour les empêcher de tomber dans ce piège; [Jacques] Basnage leur a adressé une Instruction pastorale et un des ministres genevois en a fait autant. JA regrette autant que Wake la perte de Du Pin qui a rendu de grands services à la République des lettres et à l'Église, dont il a été peu récompensé puisqu'on dit qu'il devait faire des livres pour gagner sa vie. C'est un scandale que des ventres paresseux aient de grands bénéfices alors que des personnes utiles et méritoires comme Du Pin et celle qu'on connaît tous en Hollande [Jean Le Clerc] soient obligées de lutter contre la nécessité. Pour ce qui est des divisions qui sont actuellement dans l'Église anglicane, c'est une chance que Wake soit à la tête de cette Église qu'il saura ramener à l'"unité grâce à sa modération. JA a sous la presse une dissertation sur les articles fondamentaux [Brevis et pacifica disquisitio] où il montre qu'il ne faut pas s'attacher à son système particulier et qu'avec un peu de bon sens la réunion des protestants serait aisée. JA a montré au chef de la République la manière obligeante dont Wake a parlé de l'affaire du comte [Erskine] de Mar. Ce seigneur a demandé sa mise en liberté et on en a écrit à la Cour de Hanovre. On ne manquera pas de lui inspirer de bons sentiments. JA réitère à Wake combien il est apprécié à Genève. Il traduira en français ce qu'il lui a écrit et le fera insérer dans les registres de la Compagnie. JA continue de recommander [Paul] L'Escot à Wake; il a été forcé de quitter la Caroline à cause de la dureté de son Église qui ne lui donnait pas de quoi subsister. Il est actuellement de retour en Angleterre et devrait peut-être déjà avoir rendu visite à Wake et lui avoir communiqué un mémoire qu'il a écrit sur les affaires de l'Église de la Caroline. C'est un parfait honnête homme qui a de beaux talents et pour les belles-lettres et pour la prédication. Il devrait pouvoir trouver un établissement dans l'une des Églises françaises d'Angleterre ou même dans l'une des universités. On a essuyé une grave perte avec la mort de la comtesse [Madeleine] de Marsay, femme du résident d'Angleterre et nièce du baron [Andreas Gottlieb] de Bernstorff. Cette femme les a tous édifiés, pendant sa maladie. Elle était luthérienne mais elle communiait à la table réformée et avait à cœur la réunion. Son mari est aussi une personne de grand mérite. Le docteur [Daniel Ernst] Jablonski est actuellement en disgrâce à cause d'un certain Clément, silésien, qui a causé beaucoup de troubles à la Cour; mais il semble que l'affaire sera bientôt résolue à cause de l'estime générale qui entoure le docteur. Il est vrai que les deux Cours de Berlin et de Londres ne s'entendent pas bien en ce moment mais chacune tient à la réunion et rien n'empêche qu'elles travaillent séparément au même dessein. Il paraît que les universités allemandes deviennent chaque jour plus modérées. Pfaff, avec qui JA a eu quelques dissensions dans le passé, lui a écrit récemment d'une manière à lui faire comprendre qu'il partage ses sentiments sur la réunion. Il en va de même de Buddeus, professeur à Iena, et de Cyprian, théologien à la Cour de Saxe-Gotha. Wake est sûrement au courant de ce qui arrive aux protestants du Palatinat à propos de la question 80 du Catéchisme de Heidelberg; il est vrai que ce serait peu de chose de retrancher quelques mots si cela pouvait amener à la paix. Mais, sans tenir compte du fait que c'est une doctrine constante des protestants de regarder la messe comme une détestable idolâtrie, il y a plusieurs indices qui laissent penser qu'on est au début d'une persécution. Il faudrait que les Puissances protestantes, et en particulier le roi d'Angleterre [George I], écrivent en leur faveur.

Adresse

[Angleterre]


Lieux

Émission

Genève

Réception

Angleterre

Conservation

Oxford


Cités dans la lettre