76 Lettres

Lettre 2763 de Benjamin Chauvet de Masse Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Berlin 03.05.1717

Ne m'atendant pas

De Chauvet apporte les précisions suivantes concernant l'inventaire des biens de [Madelaine] de Pluviane: en premier lieu, il n'y a pas d'autre argent qui viendrait de la défunte et qui ne serait pas indiqué dans l'inventaire; il a même dépensé auprès d'elle ses appointements et une somme qu'il avait en son propre. Il n'a jamais eu connaissance du testament qu'on a trouvé chez le notaire [Isaac] Martin à Berlin et on ne lui a jamais dit que la procuration qu'il avait le rendait responsable d'une...

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Berlin 03.05.1717


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.5


Ne m'atendant pas


De Chauvet apporte les précisions suivantes concernant l'inventaire des biens de [Madelaine] de Pluviane: en premier lieu, il n'y a pas d'autre argent qui viendrait de la défunte et qui ne serait pas indiqué dans l'inventaire; il a même dépensé auprès d'elle ses appointements et une somme qu'il avait en son propre. Il n'a jamais eu connaissance du testament qu'on a trouvé chez le notaire [Isaac] Martin à Berlin et on ne lui a jamais dit que la procuration qu'il avait le rendait responsable d'une éventuelle diminution des biens ou l'obligeait à en rendre compte à qui que ce soit. La même remarque s'applique à la procuration qu'il a eue de la part d'[Isabelle II] Turrettini et ni l'une ni l'autre de ces dames ne lui ont jamais demandé de comptes ou chargé d'en rendre à d'autres. Il a toujours agi sur la base du testament olographe dans lequel Madame de Pluviane faisait de sa sœur Madame Turrettini son héritière avec substitution en faveur de de Chauvet lui-même. Mais ce testament n'a jamais été retrouvé après la mort de la dite dame. Pour ce qui concerne les biens de Madame de Pluviane, il y a eu diminution de leur valeur par suite du mauvais succès qu'a eu l'acquisition faite à Bernau. La famille a fait de grosses pertes en voulant user du droit de brasserie, qui les a conduits à acheter des chevaux et à employer des valets pour labourer les champs, charrier du bois à leur usage et transporter la bière à Berlin. Devant l'ampleur des pertes, de Chauvet a renoncé depuis dix ans à la brasserie et à la distillerie; il a fait transformer les bâtiments et a fait requête sur requête pour faire savoir qu'il renonçait à ce droit et se libérer des frais qui pesaient de ce fait sur la maison mais il n'a pu l'obtenir. Il a congédié les domestiques et vendu tous le bétail, jusqu'à la volaille même, afin de faire des économies. De même les terres ont une rente très modeste. Elles ne donnaient pas de blé pour leur consommation personnelle et il a dû en acheter chaque année. Il a dû aussi acheter du seigle sans avoir pu en vendre contrairement à l'année précédente où la récolte avait été abondante. Il fait travailler les terres à moitié de la récolte et paie la moitié des frais de la moisson. Il en paie seul les droits dûs au roi [Friedrich Wilhelm I], à l'Église luthérienne et à la ville. L'échec de cette entreprise n'est pas propre à de Chauvet car quantité d'autres en Prusse y ont été soumis et se sont ruinés. L'autre source de la diminution des biens provient des dépenses effectuées par les sœurs de de Chauvet [Dorothée de Chambaud, Jeanne de Drouet, Françoise de Martineau] durant leur séjour auprès de Madame de Pluviane et à cause de leurs mariages. Madame de Chambaud a eu deux mille livres parce qu'elle se plaignait que la demeure qu'elle faisait chez les de Pluviane l'empêchait de toucher une pension sur l'État civil français, comme beaucoup d'autres réfugiés de sa condition. Elle ne cessait par ailleurs de répéter qu'ils lui avaient promis de la dédommager. Quand à de Chambaud, il avait la table chez les de Pluviane à l'arrivée de de Chauvet à Berlin. Il était allié et dévoué à la famille. Lorsque celle-ci est partie pour Bernau, de Chambaud lui a proposé de s'y rendre aussi et d'y servir d'interprète. Par la suite, il a voulu épouser la sœur de de Chauvet et celui-ci n'a pu le lui refuser. Le contrat de mariage a été fait en présence de Madame de Pluviane, qui n'a jamais contesté l'acte. Il ne faut pas en outre oublier la coutume chez les réfugiés de qualité de donner chaque jour des repas et du café, ce qui réjouissait fort la bonne tante et que de Chauvet n'a jamais su comment réformer. Ces honnêtetés ont donc continué dans les circonstances que la bienséance ne permettait pas d'éviter envers des parents et des amis. Si de Chauvet a demandé une copie entière des testaments d'Isabelle Turrettini, c'est parce que cette dernière lui avait demandé de le faire après qu'il aurait appris sa mort. Il a été édifié par sa charité. Comme il pe"nse bien que JA suivra la volonté de sa défunte mère, ils ne devraient pas avoir de mal à s'entendre pour ce qui le regarde. Il le remercie ainsi que [Jean-Antoine] Butini des copies qu'il lui ont fait parvenir. Compte tenu de la baisse des prix des bâtiments en ce pays, qui s'est répercutée sur l'estimation faite de Bernau dans l'inventaire, ainsi que de la dépense engagée pour la succession et pour l'entretien pendant quatre ans de la maison, des dettes de Madame de Martineau et de de Raoul et, enfin, de la donation de la moitié de cette succession qu'a bien voulu faire Isabelle Turrettini à de Chauvet, celui-ci pense faire une offre plus qu'honnête en proposant, sur la moitié qui revient aux autres héritiers, deux cents écus à chacune des familles citées dans le testament. Il joint l'inventaire de la succession de Madame de Pluviane. Dans un PS, il ajoute qu'il offre 600 risdales à ses cohéritiers, et qu'il se charge des meubles, qui ont beaucoup perdu de leur valeur depuis l'estimation, et de la maison qui ne vaut pas les 400 risdales auxquels elle a été évaluée. Mais si ses cohéritiers n'en sont pas contents, il est prêt à négocier avec eux sur le pied de la donation d'Isabelle Turrettini et à leur céder les 3/5 de tous les effets de la succession. Il y met la condition toutefois que JA et ses consors acceptent que soit déduit tout ce qu'ils devront par ailleurs à de Chauvet, c'est-à-dire, pour ce qui regarde JA, la part léguée par Isabelle Turrettini et, pour ce qui regarde Élisabeth Aguit, 94 florins 10 sols et demi en monnaie de Genève. Dans un PS, de Chauvet annonce qu'il a donné à Humbert sa proposition qui contient ses offres concernant l'héritage de Madame de Pluviane; il espère que JA en sera satisfait puisqu'on lui donne plus que sa portion.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Berlin

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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