Lettre 2739 de Jean I Barbeyrac Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 484 (f.209-210)

Extraits dans Meylan, Barbeyrac, p.117-118.

Je vous renvoie... la lettre

Barbeyrac renvoie à JA la lettre de [Samuel] Werenfels et le remercie des démarches qu'il a faites au sujet de son doctorat à Bâle; s'il avait imaginé la réponse sèche que JA a reçue, il l'aurait incité à ne rien entreprendre. Il ne se fait pas de souci pour ce titre qui lui manque et attend la réponse de Groningue; il a dit naïvement aux curateurs de l'Université [Borck, In-en Kniphuizen, Julsingha, Lintelo van Stedum, Schaij, Tjarde] que tout ce qu'il savait, il le devait à ses études particulières et qu'il espérait que l'enseignement qu'il donnait depuis des années ainsi que ses publications tiendraient lieu du titre qui lui manquait. Il a vu que même en Allemagne, où on aime excessivement les titres, il y a des cas où il est possible que quelqu'un soit professeur sans être docteur; il pense du reste qu'en Hollande on ne fait pas autant de cas des titres. Il semble qu'à Bâle on a voulu le rabaisser, en répondant que ses écrits portaient sur le droit naturel et non pas sur le droit civil, puisque son édition de Pufendorf [Le droit de la nature et des gens, Amsterdam, 1706] montre que ce dernier domaine n'est pas pour lui une terre inconnue. Il se peut que le peu de cas qu'il fait de la manière scolastique d'enseigner le droit, répandue dans la plupart des universités, soit en réalité ce qu'on lui reproche, avec son attachement au droit naturel, qui lui paraît le plus nécessaire et la clé de tous les autres. Il a eu un étudiant de Bâle, parent de [Hans Jakob] Battier, qui avait suivi avec celui-ci un cours de droit civil mais qui ne comprenait rien à Grotius, tant il était imbu d'idées scolastiques. La réponse de Bâle demeure du reste fort étrange et cela d'autant plus qu'il vient de recevoir une dispute inaugurale d'un étudiant [Loys de Bochat] qui avait suivi un cours de droit naturel avec lui, sans pratiquement rien faire en droit civil, et qui vient pourtant d'être fait licencié en droit à Bâle. Il est en tout cas dommage que Barbeyrac n'ait jamais eu l'occasion de faire, à sa manière, un cours de droit civil; il avait commencé à faire sur cela des leçons publiques une fois par semaine mais il a dû arrêter parce qu'il ne venait personne. Il y a trop peu de gens à Lausanne qui sachent le latin. Dès qu'il sera à Groningue, il tâchera de faire un tel cours, selon sa méthode. Il ne se considère pas lui-même comme un grand jurisconsulte mais il espère atteindre son but, qui est de donner de bons principes à la jeunesse, en s'inspirant des grands maîtres et de ses propres réflexions. Du reste, les gens de Groningue ne le connaissaient pas plus que ceux de Bâle et l'ont pourtant appelé comme professeur, le droit public renfermant là-bas le droit naturel. Il espère trouver le Covarruvias [Opera omnia, 1679] dont il avait besoin en Hollande; il rend à JA le Pagi [Breviarum], qu'il a trouvé utile bien que malheureusement encore incomplet. Il le remercie aussi de la peine qu'il s'est donnée de lui procurer des informations sur le Codex Theodosianus.

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