Lettre 2529 de LĂ©onard Baulacre Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.14

Budé, Lettres, I, p.200-207.

Quoi qu'il n'y ait pas longtems

Le résident de Prusse, [Ludwig Friedrich] Bonet, a chargé Baulacre d'informer JA d'une démarche qu'il a faite auprès de Trivié, ministre du roi de Sicile [Victor-Amédée II] au sujet du mauvais traitement qui est infligé aux Vaudois des Vallées et cela malgré la fidélité de ces régions à leur prince et les accords de 1686. Pour appuyer sa requête, et après avoir réfuté les dénégations que le ministre savoyard avait opposées au début, Bonet fit remarquer que le nouveau roi d'Angleterre [George I] ne tolèrerait pas facilement ces persécutions dont la poursuite pourrait avoir de fâcheuses conséquences pour le Piémont. Pour Baulacre il est évident que même au fond des Vallées piémontaises on ne manquera pas de bénéficier du nouveau règne anglais. Il a reçu une lettre du conseiller [Michel (?)] Trembley dans laquelle il fait état d'un projet dont on avait discuté au Congrès de Baden selon lequel la maison de Savoie devait recevoir Genève et le Pays de Vaud en échange de la Sicile qui devait être rendue à l'Empereur. Bonet, à qui la lettre fut lue, réagit avec le même émoi que les autres; quelques jours plus tard pourtant, il dit à Baulacre que sa réaction avait été à chaud, qu'il avait par la suite réfléchi calmement et parlé avec une personne très au courant de ce qui s'était passé à Baden. Celle-ci nia que la rumeur eût un fondement quelconque et dit que la seule chose qu'on avait évoquée à Baden avait été la restitution de la Sicile en échange d'une partie du Milanais. À cela s'ajoute la considération qu'un tel projet n'aurait jamais eu l'approbation de la France qui n'aurait jamais consenti à ce que la Savoie prenne un tel pouvoir. Baulacre a rencontré plusieurs fois l'évêque de Londres [John Robinson] qui a eu des paroles d'estime pour JA mais n'a plus parlé de la lettre qu'il avait manifesté l'intention de lui envoyer. Ils ont discuté par la suite de ces prédicateurs outrés de l'Église anglicane qui confondent Rome et Genève; l'évêque a déploré de tels cas mais il a ajouté qu'il ne tenait pas à lui de les modérer. On a par la suite évoqué les démarches faites par Genève et surtout par Neuchâtel pour se rapprocher de l'Église anglicane et Bonet, qui était présent, n'a pas manqué de souligner que les épiscopaux aussi devraient faire des pas en direction des autres Églises; l'idéal serait d'arriver à une liturgie commune mais on voit mal l'Église anglicane abandonner la sienne. En dépit des mots bienveillants du prélat, Baulacre est convaincu que c'est un échauffé, comme le montrent plusieurs épisodes récents dont, entre autres, l'idée, qui paraît pour l'instant abandonnée, de bâtir une église anglicane à Genève. Un homme de mérite a du reste dit à Baulacre qu'il ne faudrait pas faire la cour aux épiscopaux d'une façon trop marquée. Il donne pour finir quelques nouvelles de personnes qu'il a rencontrées. Il a vu le bon [Henry (?)] Moze qu'il croyait mort depuis dix ans et qui salue bien JA.

Adresse

Genève

Commentaire

Budé date la lettre sans raison du 27 septembre.

Lieux

Émission

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre