Lettre 2338 de Hans Kaspar II Escher à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. (F et L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.E.5

Budé, Lettres, I, p.346-350.

Aucune occupation

Les affaires sont encore très informes et Escher ne peut pas en donner une idée claire. Sur l'avis des États de l'Empire, l'empereur [Karl VI] avait nommé l'Électeur palatin [Johann Wilhelm de Wittelsbach] et trois autres princes [Eberhard Ludwig de Wurtemberg (?), Christoph de Baden Durlach et de Würzburg] pour tâcher de rétablir l'abbé de Saint-Gall [Bürdigger] et régler ses différends en qualité de commissaires de l'Empire. Escher avait pour tâche de démontrer que cela blessait la souveraineté de la Suisse et de protester contre une telle commission. Actuellement ces commissaires demandent une conférence pour s'éclaircir mutuellement au sujet des éventuels droits de l'Empire sur le Toggenbourg de même que sur les autres terres de l'abbé de Saint-Gall. Pour le reste, ils n'ajoutent que de simples offres de médiation à l'amiable en qualité de bons voisins. Les envoyés suisses n'ont pu voir aucun ministre de l'Empire car on leur a interdit l'accès sous le prétexte que les Cantons n'avaient pas reconnu leur maître pour roi catholique. Pourtant les informations ont pu glisser jusqu'aux ministres et il y a des indices qui montrent que la Cour de Vienne s'est un peu adoucie. Les ministres des autres princes catholiques leur font subir toute sorte d'algarades alors que les protestants leur font mille honnêtetés. À Ratisbonne, on prête foi à la nouvelle des révolutions arrivées à la Cour de Constantinople et à celle concernant le roi de Suède [Charles XII], qui devrait paraître bientôt en Pologne avec une armée victorieuse. Les ministres des princes protestants de l'Empire, qui sont à La Haye, ont fait une remontrance sérieuse à ceux de Saxe pour les inciter à suivre la même politique qu'eux dans ce qui touche la religion protestante en Allemagne et pour faire rappeler d'Italie le prince électoral [Franz Ludwig de Wittelsbach] et pour éviter qu'il ne change de religion. Autrement on leur enlèvera le directoire qu'ils possèdent dans le Collège des protestants et on les excluera de ce corps. On ne sait pas quelle sera leur réaction; Escher n'ose pas confier au papier tout ce qu'il craint pour la religion en Allemagne. Humainement, seul le roi de Suède pourra empêcher la ruine. La plupart des grands seigneurs ne sont mûs que par leur intérêt personnel. Il y en a pourtant certains qui s'adonnent à une certaine religion mystique et lisent les ouvrages de Böhme et de Madame Bourignon.

Adresse

[Genève]

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Genève

Conservation

Genève

Cités dans la lettre