27 Lettres

Lettre 1782 de Samuel Werenfels Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Bâle 11.05.1707

Tristis civitatis

Werenfels est profondément affligé par le triste état de Genève et ce d'autant plus que JA en est très affecté. Il se rend compte de la gravité du mal mais il incite son ami à ne pas se décourager puisque Dieu y mettra fin. Ce qui arrive maintenant à Genève s'est produit à Bâle il y a quinze ans. Le peuple était tellement fasciné qu'il n'écoutait plus personne, ni les magistrats ni les pasteurs. Prières, conseils, avertissements, tout était vain. Qui plus est, des Suisses envoyés pour apaiser la...

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Bâle 11.05.1707


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (L)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.W.3-II


Tristis civitatis


Werenfels est profondément affligé par le triste état de Genève et ce d'autant plus que JA en est très affecté. Il se rend compte de la gravité du mal mais il incite son ami à ne pas se décourager puisque Dieu y mettra fin. Ce qui arrive maintenant à Genève s'est produit à Bâle il y a quinze ans. Le peuple était tellement fasciné qu'il n'écoutait plus personne, ni les magistrats ni les pasteurs. Prières, conseils, avertissements, tout était vain. Qui plus est, des Suisses envoyés pour apaiser la situation, furent méprisés et hués. Finalement un changement survint qui fut, sinon favorable, du moins tolérable mais le sort des auteurs des troubles fut, malheureusement, funeste. Ces hommes insensés et démagogiques apprirent qu'il est plus facile d'ameuter les foules que de les apaiser. En effet après tous les remèdes qu'on avait pu envisager, en vain, Dieu a brouillé les langues de ces fous. Les démagogues durent apprendre qu'il était très difficile d'apaiser une foule excitée et ils réalisèrent qu'ils étaient en son pouvoir. Quand ils voulurent mettre un terme à ces troubles tragiques, ils s'aliénèrent une partie du peuple qui ne voulait pas en rester là soit parce que les promesses qu'on leur avait faites ne s'étaient pas réalisées soit parce qu'il devenait impossible de freiner le mouvement une fois enclenché, soit parce qu'un certain nombre de magistrats privés de leur pouvoir poussèrent des hommes violents contre les agitateurs. Quoi qu'il en fût la cause, les magistrats surent profiter de la division de la foule pour récupérer leur autorité. La même chose arrivera à Genève à condition que les deux Conseils restent unis et qu'aucun de leurs membres n'entretienne la sédition. Aujourd'hui tous les bons citoyens reconnaissent que les réformes faites à ce moment-là ont eu des conséquences néfastes et veulent les voir disparaître. Avant les troubles, on se plaignait et à juste titre de la corruption de la République mais maintenant on veut revenir à ce premier état qui paraissait justement corrompu. Voilà ce qui arrivera à Genève aussi si le peuple ne tire pas de leçon des malheurs des autres. Werenfels pense que la Vénérable Compagnie pourrait faire beaucoup pour apaiser ces troubles à condition de rester unie et de ne pas donner l'impression de soutenir les magistrats. Il faudra à la fin faire preuve de beaucoup de charité. Si on devait en conclure à l'utilité des lettres de pasteurs suisses, il faudrait en avertir les délégués [Hans Jakob Ulrich et Johannes II Escher] qui sont actuellement à Genève, en leur indiquant aussi quel devrait en être le contenu. Il est sûr du reste que les délégués feront tout le nécessaire pour faire comprendre l'importance, pour la sécurité de la Suisse entière, que Genève soit gouvernée dans le calme. Il recommande à JA de ne pas désespérer, d'agir en bon citoyen et en bon pasteur et de remettre les choses à Dieu. Dans un PS, Werenfels ajoute les conseils qu'un ami lui a donnés concernant la situation genevoise. Il lui a demandé d'abord si les magistrats étaient des hommes de bien appartenant aux différentes classes. Sur la réponse affirmative de Werenfels, il continua en disant que la crise finirait alors par se dénouer positivement; mais en cas contraire, si l'État n'avait pas de son côté les bons citoyens, alors il succomberait. Pour rester maîtres de la situation, il faut que les magistrats mettent de leur côté les vauriens qui, par leur violence et leur méchanceté, ont acquis autant de puissance que les agitateurs.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Bâle

RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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