Madaillan envoie à JA, comme celui-ci l'avait demandé, la lettre qu'il écrivit au cardinal Le Camus quelques jours après l'entretien de controverse qu'ils eurent à Grenoble l'année passée. C'est une lettre à laquelle le prélat n'a pas fait de réponse, préférant exprimer ce qu'il pense de la religion dans des tête-à-tête plutôt que par écrit. Madaillan rappelle à JA la promesse que celui-ci lui a faite de protester de son innocence auprès de ceux qui prétendent qu'il aurait écrit à Genève contre...
Lettre autographe, signée. Inédite. (F) Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.138-139)
Voila la lettre que
Madaillan envoie à JA, comme celui-ci l'avait demandé, la lettre qu'il écrivit au cardinal Le Camus quelques jours après l'entretien de controverse qu'ils eurent à Grenoble l'année passée. C'est une lettre à laquelle le prélat n'a pas fait de réponse, préférant exprimer ce qu'il pense de la religion dans des tête-à-tête plutôt que par écrit. Madaillan rappelle à JA la promesse que celui-ci lui a faite de protester de son innocence auprès de ceux qui prétendent qu'il aurait écrit à Genève contre le Magistrat ou en aurait médit à Paris. Il défie qui que ce soit d'apporter la preuve d'une telle calomnie. Madaillan est extrêmement reconnaissant à JA de toutes ses bontés. Il n'a qu'une seule plainte à formuler à l'égard de son correspondant et de [Louis I] Tronchin: c'est de l'avoir comme arraché à sa patrie et à sa famille avec l'assurance qu'il trouverait à Genève davantage d'agréments que dans son pays et qu'il serait bien accueilli de tout le monde, même de ceux qui avaient des griefs à son égard. Or, il a retrouvé ici la même animosité implacable qu'il y avait laissée, accompagnée d'un très grand mépris, alors qu'il a toujours essayé de faire plaisir à tout le monde. Il est vrai que l'autel sur lequel on l'a sacrifié peut le venger suffisamment du sacrifice et que, quant à JA et à Tronchin, ils n'auraient jamais pu imaginer de telles réactions de la part de gens qui font grande ostention de la religion. Il est incroyable qu'ils aient pu fermer la porte du lieu où ils professent cette religion, alors que Jésus-Christ n'a fermé celle du temple qu'à ceux qui en avaient fait une caverne de brigands. Ils l'ont chassé de l'église sans pouvoir lui démontrer qu'il l'avait profanée. Mais Dieu qui, en ordonnant les moyens, en ordonne aussi la fin, l'a sûrement destiné à quelque chose de plus solide et de plus utile à sa gloire.
Adresse
Genève
Commentaire
L'épisode que relate Madaillan, relatif au fait qu'il aurait été chassé de l'église, pourrait expliquer la démarche de JA et de Tronchin auprès du Conseil pour qu'on donne à nouveau à Madaillan "sa place" (RC 202, 28.08.1702, f.357-58). Dans ce cas, la lettre devrait précéder, nous semble-t-il, la démarche et, ayant été écrite un samedi, pourrait être datée du 22.08.1702.