Lettre 1352 de Louis Longuerue Dufour à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.71-72)

Je me donne l'honneur de

Longuerue écrit à JA pour l'informer qu'il a reporté son voyage à fin septembre et qu'il peut faire chercher chez lui les Homélies de Chrysostome sur les épîtres de Paul. L'abbé les a achetées vingt-deux livres et dix sous sans pouvoir en rabattre, le libraire, Pralard, étant à ce sujet inébranlable. Suit l'indication du prix de plusieurs autres ouvrages comme celui de [Le Maistre] de de Sacy [Lettres chrestiennes] ou les Acta sanctorum Benedicti; le premier volume de Grégoras n'est pas encore achevé et on attend qu'il le soit avant de s'atteler aux autres. Il semble qu'en attendant, on imprimera le II^e volume des Scriptores post Theophanem de Combefis avec ses notes; on a retrouvé celles-ci après la mort de Cramoisy qui les avait supprimées pour ne pas avoir à les imprimer et avait même fait croire qu'elles n'existaient pas. Il fera chercher l'Historia flagellantium de [Jacques] Boileau, qui est toute débitée. Il est tellement difficile de faire venir des livres de Genève que de Longuerue n'ose pas charger JA d'une commission à moins que les conditions ne changent, ce dont il doute fort. En Angleterre, on ne pense qu'à imprimer les auteurs classiques profanes, alors que les auteurs ecclésiastiques sont totalement négligés. On a néanmoins publié l'Apologie de Justin avec de pauvres notes et l'Oratio de Tatien [Oxford, 1700] dans laquelle Allix a fait insérer une dissertation de l'un de ses amis dont JA aura facilement deviné l'identité [de Longuerue lui-même, Dissertatio in Tatianum]. À Paris, il n'existe qu'un seul exemplaire de ce livre car il n'y a aucun commerce avec Londres, les libraires parisiens prétendant qu'il n'y a rien à gagner avec les livres anglais. Le saint Irénée [Contra omnes hæreses, Oxford, 1702] n'a pas encore paru; en revanche, Dodwell a fait imprimer un livre très érudit sur les années juives et attiques [De veteribus Graæorum Romanorumque cyclis] et le bibliothécaire d'Oxford, Hyde, un autre sur l'ancienne religion persane [Historia religionis veterum Persarum]. Au Louvre, on poursuit l'impression des Conciles de Hardouin dont les arguments sont parfois paradoxaux. L'édition de Labbe [Sacrosancta concilia] est toujours très chère. On a nommé à Paris six personnes pour faire le Journal des sçavans sous la direction du président Cousin et c'est Du Pin, qui a aujourd'hui la faveur des puissances, qui a été choisi pour la théologie. On dit que, par ce journal, on veut exterminer celui de Trévoux [Mémoires de Trévoux] ; on y donne en tout cas une large place aux visions d'Hardouin, ce qui déplaît à tout le monde. Longuerue désapprouve tout cela et en tire un fort dégoût pour les nouvelles littéraires, estimant qu'il faut s'attacher à l'érudition solide et non pas à ces bagatelles. Vaillant, qui est un des meilleurs amis de l'abbé, a en projet plusieurs livres que celui-ci mentionne à JA. Toinard a fait graver les médailles des Maccabées et des Hérodiades mais on n'ose pas espérer que cela voie le jour pendant sa vie.

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