108 Lettres

Lettre 1021 de Jean-Antoine Dautun à Jean-Alphonse Turrettini

Francfort 08.11.1696 [29.10.96]

Je m'imagine

Dautun s'est remis de son indisposition, grâce aussi aux conseils de [Jacques] Chenaud qui lui a dit tout simplement de prendre un peu plus de bouillons que d'habitude. En Allemagne, on accable les malades de remèdes pour la moindre incommodité; c'est ce qu'on a fait avec sa petite fille [Louise], pour une maladie qu'elle a eue et qui a failli l'emporter. Il a eu un répit dans la prédication dû au fait qu'on ne prêche pas en ville mais à la campagne, dans un petit village à trois quarts d'heure...

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Francfort 08.11.1696 [29.10.96]


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.D.3


Je m'imagine


Dautun s'est remis de son indisposition, grâce aussi aux conseils de [Jacques] Chenaud qui lui a dit tout simplement de prendre un peu plus de bouillons que d'habitude. En Allemagne, on accable les malades de remèdes pour la moindre incommodité; c'est ce qu'on a fait avec sa petite fille [Louise], pour une maladie qu'elle a eue et qui a failli l'emporter. Il a eu un répit dans la prédication dû au fait qu'on ne prêche pas en ville mais à la campagne, dans un petit village à trois quarts d'heure de Francfort où sont établis les quartiers d'hiver de troupes tantôt hessiennes tantôt neubourgeoises. Ces troupes étant brouillées entre elles, on a estimé dangereux de faire le service et on l'a donc suspendu. Il avait déjà remarqué ce que JA lui dit à propos du jeune philosophe [Jean-Antoine Gautier], à savoir qu'il manque de la pénétration nécessaire pour en faire un habile homme. En revanche, son correspondant ne s'exprime pas très clairement sur ce qui le concerne lui, mais Dautun a cru comprendre qu'on l'avait empêché de songer à la chaire de philosophie. Mais puisque JA a approuvé les raisons qu'on lui a données et qu'il ne semble pas qu'on ait voulu lui nuire, il ne doit pas regretter son choix. Dautun est persuadé que si l'on a manqué à son égard, c'est davantage par excès de tendresse que pour d'autres raisons. Il lui dit par la suite son opinion au sujet du penchant dont JA lui a fait part de s'établir en Angleterre; il pense qu'il y a des raisons plus fortes de rester à Genève que d'en partir. S'il quittait sa ville, ce ne serait pas pour des questions d'argent puisqu'il a tout ce qu'il lui faut pour vivre avec douceur mais, plutôt, pour des questions relatives à la réputation qu'il pourrait acquérir dans ce pays. Mais s'il s'en allait, il quitterait une contrée dont les étrangers apprécient la douceur et dans laquelle il a de véritables amis, qui peuvent le consoler, au cas où il aurait des chagrins, et le soigner s'il tombait malade. Dans un pays étranger, il devrait avoir recours à des mercenaires, l'air ne lui conviendrait peut-être pas et, s'il voulait se marier, les choses seraient moins aisées. En outre il ne doit pas oublier que, quand il était en Angleterre, il ne demandait rien et donc n'excitait pas d'envies, alors que, s'il s'y établissait, cela ne manquerait pas d'arriver; sans tenir compte du fait que les Anglais sont très inconstants. Enfin, il est quelqu'un de connu dans le monde et il ne peut pas faire de fausses démarches sans qu'elles ne soient remarquées. Il n'a lu que deux ou trois chapitres du moraliste [très probablement Bénédict Pictet] qui est toujours égal à lui-même, qu'il agisse en théologien, en prédicateur ou en professeur. Ce qu'il écrit n'est pas pour les savants mais on peut dire qu'il n'a pas trop mal réussi s'il voulait s'adresser au peuple. Quant à son abrégé de théologie [Theologia christiana], Dautun en a vu seulement le titre et c'est déjà beaucoup. Il n'a rien vu non plus de La Placette mais on l'estime beaucoup. Il a feuilleté chez le libraire le commentaire sur la Genèse [Le Clerc, Genesis] et il ne doute pas qu'il y ait de bonnes choses; il y aurait par contre à redire à propos du Traité de l'incrédulité où l'auteur [Le Clerc] veut nous faire croire des choses incroyables sur Richelieu et Mazarin. Il est déçu de la Bible de Genève [1693], qui est bourrée de fautes, dues soit aux correcteurs soit aux libraires; certaines notes sont inintelligibles. Si on ne connaissait Genève que par cela, on en aurait une très mauvaise opinion. Une autre fois, on pourra parler du dessein de JA sur l'histoire et du projet de Baux de travailler sur le Nouveau Testament de Martin [Utrecht, 1696].

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Francfort

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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