Lettre 736 de Jean-Alphonse Turrettini à Bénédict II Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ea.5.7

J'ai receu vos lettres du 10/20

JA confirme qu'il quittera Paris le 21 novembre, étant obligé d'attendre le retour de [Pierre] Stoppa; il prendra la diligence jusqu'à Lyon puis une litière de Lyon jusqu'à Genève; il espère en trouver une à partager avec quelqu'un d'autre; s'il était parti plus tôt, il aurait pu faire le voyage avec la femme de Huber [III]. Le voyage jusqu'à Lyon durera six jours et demi, on n'est donc pas trop fatigué en arrivant. Le prix par contre a beaucoup augmenté depuis quinze jours à cause de l'extrême cherté des vivres et des fourrages; on paie maintenant 95 livres au lieu de 75. JA a bien reçu la décharge pour Cornier qui lui en a remise une aussi, si bien que tout est achevé. C'est un très honnête homme qu'il voit encore de temps en temps. Lacombe est depuis quelques temps fort incommodé. Les biscuits sont arrivés en bon état et bien conservés, quoique d'un goût un peu extraordinaire à cause soit de la farine soit de la boîte. [Frémont] d'Ablancourt est mort à La Haye le 18 octobre; depuis quelque temps, il ne voyait plus personne et craignait la mort; son ami Justel était décédé à Londres une dizaine de jours auparavant. Toujours en Angleterre, [Samuel Baux] de Langle et [John] Spencer sont morts aussi. Avec d'Ablancourt et Justel JA a perdu deux bons amis. [Germain] Colladon est parti depuis quelques jours. S'il vient à Genève l'été prochain, comme il en a l'intention, il apportera à JA un excellent chapeau anglais nommé carolin; ces carolins sont fins, légers, de très bon usage et ne coûtent pas chers. À ce propos, les chapeaux anglais sont de bien meilleure qualité que les chapeaux français dont les meilleurs ne durent que six mois. Avant d'envoyer les livres, JA attend des instructions sur l'achat ou l'emprunt du Mercurio de Siri. Il conseille personnellement l'emprunt qui ne coûtera que les frais de port. JA a prêté 10 louis à Colladon mais comme il ne se charge jamais de beaucoup d'argent à la fois à cause des perpétuels changements de monnaies, il a dû lui-même emprunter cette somme à Lacombe. On cuit encore du pain au Louvre pour les pauvres mais tout est si mal organisé que plusieurs personnes y périssent chaque jour. On dit qu'il aurait fallu s'y prendre différemment si on voulait vraiment aider le peuple mais ce n'est pas aux particuliers de trouver à redire sur le choix des grands. On n'a pas de nouvelles du Piémont depuis la dernière bataille, de même que l'on ignore si le duc [Charles] de Sc[homberg] est mort ou pas; en effet, malgré le fait que la Gazette ait annoncé son décès, plusieurs personnes soutiennent qu'il est encore en vie. Enfin, il faut plaindre une autre personne qui a été souvent blessée depuis le début de la guerre et qui l'a été très dangereusement lors de la dernière bataille et c'est la «libertas Europæ». Il regrette plus cette personne que [Charles Fortin] de la Hoguette, que cela n'en déplaise à [Barthélemy Micheli] du Crest. JA aimerait connaître ce que son oncle sait d'[Antoine II] Saladin. Gallatin [III] et [Jean-Antoine] Gautier ne sont pas encore à Paris puisqu'ils ont pris la route de la rivière qui est plus longue. [Pierre I] Vincent vient de lui réserver une place dans la diligence du 22 mais il faut garder le silence sur cela.

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[Genève]

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RĂ©ception

Genève

Conservation

Genève

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