110 Lettres

Lettre 689 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Genève 17.08.1693

Enfin... vous avés fini

JA a finalement réussi à conclure le procès et cela a été un véritable triomphe. C'est un merveilleux solliciteur. Il faudrait maintenant qu'il aille du côté de Grenoble. Micheli ne dit pas cela pour tirer JA de Paris où il veut rester encore quelques temps à cause des découvertes qu'il y fait; il espère du reste que le procès de Grenoble ne durera pas aussi longtemps que celui de Paris, qui a traîné pendant deux ans. Micheli est heureux que JA ait rencontré [Charles Chandieu] de Villars et une...

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Genève 17.08.1693


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.M.20


Enfin... vous avés fini


JA a finalement réussi à conclure le procès et cela a été un véritable triomphe. C'est un merveilleux solliciteur. Il faudrait maintenant qu'il aille du côté de Grenoble. Micheli ne dit pas cela pour tirer JA de Paris où il veut rester encore quelques temps à cause des découvertes qu'il y fait; il espère du reste que le procès de Grenoble ne durera pas aussi longtemps que celui de Paris, qui a traîné pendant deux ans. Micheli est heureux que JA ait rencontré [Charles Chandieu] de Villars et une fois qu'il aura fini son affaire avec son abbé [de Longuerue (?)], il pourra aller se loger avec lui et, de cette façon, être proche de Pavillon. L'abbé de Combré se plaint que sa mauvaise santé l'empêche de voir JA. Bien qu'on soit près de Pignerol, on ne sait rien de sûr car les nouvelles sont contradictoires suivant qu'elles viennent de Turin ou de Fenestrelle. D'après celles de Fenestrelle, il semblerait que l'on se défendît encore à Sainte-Brigida, le 13, alors qu'une lettre de Turin, du 12, affirmait que la place avait capitulé et que le duc de Savoie [Victor-Amédée II] voulait faire le siège de Pignerol. De tous côtés, on marche pour fortifier l'armée de Catinat; comme le siège sera long, il est possible que l'armée de France, devenue assez grande, puisse tenter une opération de secours. Micheli rapporte ensuite à JA une conversation qu'il a eue avec d'Iberville la veille au soir. En guise de prémices, il faut dire qu'il y a à Genève plusieurs personnes qui ne se privent pas de dire ouvertement leur préférence et abusent indiscrètement de ce qui leur est écrit librement et en toute confiance. Or il paraît que [Daniel] Martine a écrit à certains de ses amis et aurait exprimé des opinions très injurieuses à l'égard de la France. D'Iberville demande donc qu'on le prévienne de se méfier, qu'il risque de voir arriver à Paris des plaintes à son sujet et qu'il pourrait y passer pour un espion. JA est trop averti pour que, en écrivant ici ou ailleurs, il tombe dans de semblables travers. Il n'a rien à ajouter sur les enfants de [Benjamin] Micheli pour le bien de leur mère [Philis]; il faut seulement que JA se souvienne d'eux en temps et lieu. Son cousin a bien fait de solliciter pour le jeune [Bénédict Turrettini de Turrettin] de Beaumont et son père [Jean-François] lui en est très reconnaissant. Il faudrait aussi que JA recommandât le beau-frère de [Robert] Rilliet, le jeune [Jean I] Du Pan, enseigne de [Pierre] Stoppa, qui est un garçon capable; il aurait besoin d'une augmentation de son gage. Il faut le distinguer de son cousin [Isaac Du Pan], fils de Jean-Antoine, qui n'a pas besoin d'assistance. Il ne reste plus à Micheli qu'à répondre à la dernière partie de la lettre de JA, où l'on voit les accusations portée contre le Magistrat genevois à propos des réfugiés. Il faut dire qu'on est dans une terrible disette et qu'il n'y a pas grand chose à espérer comme secours de la part du voisinage. Par le passé, on avait permis aux pauvres de la Bourse de faire cuire à l'hôpital une certaine quantité de pains qui étaient distribués en lieu et place d'argent. Quand il n'y a plus eu de blé à donner aux directeurs de la Bourse, ceux-ci ont déclaré qu'ils ne pouvaient plus distribuer du pain mais qu'il fallait qu'ils s'en procurassent comme ils pourraient avec l'argent qu'on leur donnerait. Mais le pain était devenu tellement rare dans les boutiques des boulangers qu'on n'arrivait même plus à en acheter pour de l'argent. Le Magistrat et les directeurs de la Bourse, craignant un soulèvement populaire, ont alors exhorté à partir les réfugiés qui n'avaient pas d'attaches à Genève en leur offrant quelque chose pour le voyage. On n'a pourtant obligé personne à le faire. Plusieurs familles sont parties mais il y en a presque autant que les anciens habitants de Genève et surtout les plus pauvres sont restés. Ne sont partis que les artisans et les gens qui pouvaient gagner leur vie. Et pourtant, on fait passer les Genevois pour des gens sans charité en oubliant ce qu'ils ont fait pour les réfugiés. Quoi qu'on dise, Genève seul a plus fait que toute la Suisse. Il faut que JA puisse répondre à ceux qui blâment sa ville sans raison et sur la base de récits de gens passionnés dépourvus eux-mêmes de charité.

Adresse

[Paris]


Lieux

Émission

Genève

RĂ©ception

Paris

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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