Lettre 674 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.M.20

L'on vient de recevoir

On vient de recevoir la lettre retardée de JA et son oncle [Bénédict II Turrettini] a voulu qu'on lui écrive cet ordinaire. Il a donc mis la plume dans les mains de Micheli qui s'exécute, tout en craignant que JA ne soit las de toutes ces lettres. Renée Diodati a pleuré de joie en lisant la part que JA a prise à sa maladie. Elle va mieux mais est encore fort affaiblie, de même du reste que la tante [Barbe] Pictet. JA fait bien de se promener et de profiter du beau temps pour voir tout ce qu'il y a de beau autour de Paris. Il pourrait peut-être prendre une semaine et aller à Rouen, qui est une belle ville et mérite d'être vue. Caen aussi l'aurait mérité mais c'est trop loin. Il vaut mieux réserver le temps qui reste pour descendre la Loire, voir La Rochelle, Bordeaux, Toulouse, Montpellier, Marseille, Toulon et Grenoble. Mais on aura le temps de réfléchir à cet itinéraire et on fera la guerre à l'ami C[henaud Jacques (?)]. Il faut que JA prenne tout de même soin de ne pas s'échauffer par ces chaleurs qui sont grandes mais ne durent guère. La moisson n'est pas bonne et on est obligé de moissonner plus vite (?) qu'il ne faut. On a quelques espérances pour acheminer les réfugiés vers l'Irlande; la Hollande donne en effet une somme pour cela, mais elle est modique et ne suffit pas à elle seule. Il faut pourtant chercher les moyens de décharger le pays qui est trop petit pour accueillir tout ce monde, sans compter la peur qu'on a que les Espagnols ne viennent par le Val d'Aoste. Micheli recommande à JA de s'occuper toujours du procès de son oncle [Bénédict II Turrettini] et de faire en sorte qu'il soit jugé. En effet on aura un grand désordre à Grenoble si le procès n'est pas jugé à Paris. Il faut qu'il demande à ses importants amis de faire pression sur le rapporteur [de Richebourg] pour que le procès finisse. JA aurait dû voir comment son oncle et sa tante [Marie I Turrettini] ont été épouvantés à la lecture du nom de la vieille dame [Ninon de Lenclos] ; Micheli les a rassurés en leur disant que cette relation aurait pu être suspecte il y a cinquante ans mais qu'elle était sans danger aujourd'hui et qu'elle pouvait même être avantageuse pour JA. Micheli le prie de faire la connaissance de Du Boulay, pour qui il conserve beaucoup d'estime, et de rencontrer [Judith de Mormès] de Saint-Hilaire et [Judith de La Wespière] de Liembrune; le frère de Micheli [Jacques] lui en sera obligé. Micheli a reçu déjà depuis un certain temps la lettre de recommandation de [Pierre] Stoppa pour Madaillan qui n'est pas encore arrivé. On a reçu les Menagiana pour lesquels on a dû payer 40 sous de port; c'est un prix exorbitant et il est fâcheux d'être la dupe de ces messieurs. Micheli demande à JA combien ont coûté ce livre et le Cuisinier bourgeois [de Massialot] car tous deux sont destinés à de Cambiague auquel il n'est pas à propos de les offrir. Pour le reste, rien de spécial à signaler.

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[Paris]

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RĂ©ception

Paris

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Genève

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