Lettre 514 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.245-246)

Apparemment... vous devès

JA devrait être de retour de la visite du diocèse qui aura été sûrement agréable et pour la beauté des lieux et pour la conversation qu'il a pu avoir avec lord [Gilbert I] Burnet. Micheli espère que sa santé s'est complètement rétablie, comme il l'avait déjà laissé entendre au départ de Londres. Il semble que maintenant JA ait envie d'aller à Oxford et à Cambridge; il verra lequel de ces lieux lui convient le mieux et pourra y passer l'hiver puisqu'il est déterminé à rester dans ce pays. Sans vouloir lui interdire Londres, Micheli pense qu'il serait risqué d'y fixer sa demeure pendant l'hiver. Il faut qu'il fasse attention au mauvais air. Tous ses amis sont d'accord sur ce point. Au moindre soupçon d'attaque, il faudra repasser la mer. L'oncle et la tante de JA lui écriront pour lui dire que les thèses [Pyrrhonismus] ont été reçues et toutes distribuées. Tous ces messieurs y trouveront certainement beaucoup d'érudition et beaucoup de savoir. Sur le plan de la guerre, on s'apprête à se mettre en quartiers d'hiver et à travailler pour la campagne prochaine. Le Parlement anglais devrait s'assembler bientôt pour pourvoir à ce qui est nécessaire par terre et par mer. Depuis quelque temps, les prédicateurs se mettent à la mode de ceux de l'Église romaine et prêchent devant les puissances, se mêlent des affaires d'État et font des panégyriques. Si JA fait des actions, Micheli lui conseille de bien vouloir s'occuper de sa matière sans tomber dans ce travers. Les alliés n'ont fait aucune démarche contre Pignerol mais ils ont détruit tout ce qu'il y avait autour, maisons, arbres, vignes etc. Il est à craindre qu'au printemps prochain, on ne coupe autant de mûriers (?) qu'on a arraché de ceps de vignes. Jusqu'à présent, on n'a pas obtenu de patente nouvelle pour les Vaudois auprès du duc de Savoie [Victor-Amédée II]. Tout laisse penser qu'on est mal intentionné à leur égard et qu'on ne cherche qu'à gagner du temps. Il y a à cela deux raisons importantes: la première, c'est que quoi qu'on fasse semblant de supporter l'exercice de la religion, en réalité, à Turin, on déteste les Vaudois et on ne peut pas s'empêcher de le montrer. L'autre et plus puissante raison est que, lors de la persécution des Vaudois, le duc, qui voulait rétablir le pays et y implanter le catholicisme, vendit les terres des Vaudois à des membres de son Conseil pour une très forte somme. Il lui faudrait la rendre si les Vaudois continuaient à occuper les mêmes terres. Du reste, le peuple se gouverne fort mal et n'a confiance en personne. [Antoine I] Léger de Genève fait tout ce qu'il peut pour leur faire entendre raison mais sans de trop grands résultats. Les combattants ne partagent guère leur butin; ils font de grands profits alors que les autres manquent de tout et ne sont guère en état de rétablir leur villages qui sont entièrement ruinés. Il faudrait un homme de bon sens et qui connaisse la guerre pour les discipliner. On a reçu des lettres de [Paul] L'Escot qui est content comme un roi dans sa condition.

Adresse

[Londres]

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Londres

Conservation

Genève

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