Lettre 434 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.230-231)

Je vous felicite par avance

Micheli félicite par avance JA de la réussite de ses thèses [Pyrrhonismus] ; si celles-ci l'ont retardé, du moins sera-t-il récompensé par la joie de ses amis. Micheli prie [Paul] L'Escot de leur écrire à ce sujet puisque JA est toujours très succint en ce qui le concerne. L'Escot devrait accepter la condition qu'on lui propose si elle est assez bonne. Les débuts sont toujours difficiles mais une fois qu'il sera connu, les choses seront plus aisées. Il est chagriné d'apprendre la maladie de la sœur de d'Ablancourt [Jeanne Boucherat d'Atrye] ; ce serait un coup très rude pour lui dans l'état où il est. Il semblerait que JA n'ait pas rencontré Wikart puisqu'il n'en parle pas. Il va recevoir un paquet de lettres de de Cambiague pour sa belle-sœur [Susanne Colladon] et son beau-frère [Théodore Colladon]. Il lui indique des personnes à rencontrer à Utrecht. Pour ce qui concerne les affaires en cours, JA est semblable à ces gens qui ont des lunettes qui, d'un côté, grossissent énormément les objets et, de l'autre, les amoindrissent terriblement. Est-il possible que l'expérience des années précédentes ne lui ait servi de rien et qu'après chaque campagne il se retrouve désabusé? JA est frappé par le grand déployement de troupes anglaises et allemandes pour soutenir la Flandres, mais il ne considère pas que le roi de France [Louis XIV] y va en personne et qu'il ne marche qu'à coup sûr. Outre cela, il n'a pas du tout tenu compte de la flotte et de la descente projetée en Angleterre. Si le vent et les tempêtes ne s'en étaient mêlés, les choses seraient terminées à l'heure qu'il est, malgré la soi-disant grande puissance maritime des alliés. Les visionnaires tels les Sausigny, les Moisselle etc. ne croient ni aux vaisseaux ni aux troupes en Normandie. Pour en venir au Piémont, le duc de Savoie [Victor-Amédée II] amasse toutes sortes de munitions dans la plaine de Turin et cela ne peut concerner que Pignerol ou Suze. Le premier a été mis en très bon état par Catinat qui y a laissé beaucoup d'hommes en garnison sous le commandement de d'Usson. Suze n'est pas encore très forte mais les hauteurs, par où on peut seul l'attaquer, sont très bien fortifiées. Le duc fait aussi porter un grand nombre de munitions à Aoste; il y a beaucoup de troupes en Val d'Aoste mais les chemins de montagne ne sont praticables qu'en été. Il y a deux voies possibles, par le Petit et par le Grand Saint-Bernard. Celui-ci est plus aisé: on aboutit dans le Valais et, avec l'accord des Bernois, on peut pénétrer dans le Pays de Vaud et, de là, dans le Chablais. Le Petit Saint Bernard aboutit à la Tarentaise et à la Maurienne, où [Charles Fortin] de La Hoguette va établir un camp. Cependant l'armée de Catinat grossit tous les jours. Les Suisses paraissent très disposés à maintenir la neutralité. Pour achever de remplir sa feuille, Micheli transcrit trois centuries de Nostradamus, qu'on veut appliquer aux circonstances présentes.

Adresse

[Hollande]

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Hollande

Conservation

Genève

Cités dans la lettre