Lettre 431 de Barthélemy Micheli du Crest à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.228-229)

Il y a quinze jours que j'ai paiè

Micheli a eu, il y a quinze jours, une attaque de goutte. Il se porte mieux à présent et renoue donc son commerce avec JA. Celui-ci touche au terme de ses travaux et ressemble à la femme qui a accouché: elle crie pendant l'enfantement mais se montre ensuite ravie d'avoir mis au monde quelque chose de bon. Les promotions ont eu lieu hier à Genève. Le recteur [Bénédict Pictet] a prononcé une oraison sur les révolutions générales du monde, des empires, des États, etc. [Oratio de variis... vicissitudinis], se réservant pour une autre fois de parler des Lettres et de la religion. Le pauvre [Paul]L'Escot est enfin arrivé auprès de JA après tant de peines. Micheli est néanmoins convaincu qu'il a appris davantage par cette expérience que pendant tout le temps qu'il a passé à Genève. L'apostille de JA l'a confirmé dans l'idée qu'il a toujours eue, qu'on ne pardonnera pas à JA d'avoir préféré Rotterdam à Leyde. Toutes ses raisons, pour bonnes qu'elles soient, ne comptent rien ici où on veut qu'on leur sacrifie tout [allusion à Bénédict II et Marie I Turrettini ?]. Les lâches flatteries sont venues du désir de faire sa cour et de celui de montrer qu'on en fait toujours à sa tête. Le bonhomme [Friedrich Spanheim] aurait pu être un peu plus cordial avec JA, ne serait-ce que par égard pour la mémoire de son père. Quand JA recevra cette lettre, il sera probablement à Amsterdam, sur le point d'aller à Utrecht. Il est vrai que le temps passe vite et que la fin du mois approche mais Micheli, contrairement à JA, ne regrette pas que son cousin ne soit pas encore passé en Angleterre. En effet, dans sa dernière lettre, il lui parlait de certaines choses auxquelles JA ne semble pas prêter assez d'attention. Il est vrai que le mauvais temps a tout bloqué mais on ne peut pas savoir quelle sera la suite. Il n'y a jamais eu un tel armement en Normandie et Micheli est surpris qu'on n'en parle pas en Hollande. Dans ces conditions, il vaut mieux retarder de quelques semaines le départ et voir comment les choses évolueront. Les réfugiés jurent qu'il n'y a aucun armement en Normandie, que le roi Jacques [II Stuart] n'y est pas et que tout cela n'est fait que pour rassurer le peuple contre la descente que le roi d'Angleterre [Guillaume III] doit effectuer en France. Les frontières seront bien assurées par l'approche du roi avec la plus puissante armée qu'on ait jamais vue. Micheli craint qu'on ne s'arrête pas là. Au Piémont, les troupes de la France commencent à s'assembler et on ne craint plus que les alliés fassent le siège de Pignerol ou de Casal. L'armée du duc de Savoie [Victor-Amédée II] n'est pas aussi forte qu'on l'avait dite et les troupes qu'on a mises à la place des autres ne sont pas aussi bonnes. Le dessein de pousser jusqu'en Suisse semble à présent oublié et les Confédérés sont totalement rassurés. On fait de grands armemements en Méditerranée et l'on dit qu'on va bombarder Tripoli qui a rompu avec la France. Le camarade de voyage de JA [Jean Favre] se marie cette semaine à Jussy, où on prépare de grandes illuminations et une belle comédie. Le bruit court que [Jacques] de Mazel voudrait se marier avec une Chauvet de Masse [Catherine] mais ce serait une véritable folie car l'homme aime la dépense et n'a plus, pour tout bien, qu'une pension dont il sera peut-être mal payé. Depuis environ une semaine, il y a eu un grand retour de froid qui fait craindre pour le blé et les vignes. Les porcelaines que [Pierre I] Got a envoyées pour la belle-sœur de Micheli [Élisabeth Micheli du Crest] sont trop chères pour lui et il demande donc à son cousin de ne pas acheter celles qu'il lui avait commandées.

Adresse

[Hollande]

Commentaire

Lieux

Émission

RĂ©ception

Hollande

Conservation

Genève

Cités dans la lettre