Lettre 236 de Paul L'Escot Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 488 (f.2)

Je receus il y a quelques Jours

La révolte des proposants ne s'est pas terminée et continue de créer des problèmes aux autorités ecclésiastiques. Il est vrai qu'ils sont maintenant un peu plus assidus aux lectures dans les temples mais ils désertent les autres exercices de la semaine. L'Escot a entendu dire qu'on envisageait de s'adresser au Magistrat mais il paraît que celui-ci estime qu'on ne peut pas les obliger. Dans ce cas-là, il faudrait engager des lecteurs, ce dont ni la Compagnie ni le Conseil ne veulent entendre parler à cause des frais. La Compagnie les a menacés même de les radier de la matricule et on a évoqué aussi la possibilité de suspendre les activités académiques, mais on a renoncé au projet parce qu'il est trop dangereux. L'Escot estime pourtant que l'affaire est proche de son dénouement et que d'ici peu les proposants seront ou partis ou rentrés dans le rang. [Pierre II (?)] Rossal a décidé de rentrer en France avec sa femme, son beau-père ne voulant plus l'entretenir; il espère obtenir un peu d'argent de ses parents [Pierre I (?) et Marie (?) Rossal]. [Isaac (?)] Davel, qui avait été jadis proposant, est revenu pour travailler dans le magasin de Jobard; Agnel, entiché d'une réfugiée, s'est battu récemment avec quelques-uns de ses parents qui ne voulaient pas entendre parler de ce mariage, et ayant sauté par la fenêtre, est tombé, fort heureusement pour lui, sur un fumier. Le fils [Jacques] de [Jean] De La Porte est devenu prêteur bien que les proposants eussent décidé de ne plus en élire. Les promotions ont eu lieu le 4 mai et Pictet y a fait un discours sur la guerre [Oratio de bello] qui a été beaucoup approuvé. [Bénigne] Mussard en a fait un autre sur la légitimité du vol quand il s'agit de sa propre survie, et Puerari un autre encore sur la question: les bêtes peuvent-elles penser? La harangue de l'écolier a été à la louange de la rose. [Louis I] Tronchin a conclu sur l'utilité des sciences en parlant de ce paon artificiel dont JA lui avait dit un mot. Jean [II] Sarasin s'est marié et l'on a pu observer le grand luxe vestimentaire déployé à cette occasion par le frère de la mariée [Lucrèce d'Orgeoise de Montferrier]. Venu exprès de Lyon, il s'était vêtu d'un habit richement galonné d'or. Cela avait sûrement pour but de narguer la Chambre de la Réformation, actuellement très rigide à cet égard. [Aymé] Le Fort et [Jacob] Chapeaurouge-Dauphin ont fort bien plaidé et cela laisse bien espérer pour leur carrière. L'Escot a achevé les catalogues de JA. Il les a présentés sous une forme assez abrégée.

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