Lettre 218 de Bénédict Pictet à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 492 (f.77-78)

Budé, Lettres, III, p.228-231. Datée curieusement «Genève, 1691». Erreurs.

Votre lettre... m'a fait un fort

Pictet remercie JA de sa lettre et est heureux d'apprendre que celui-ci est bien arrivé à Leyde, ancien domicile de l'expéditeur. Il n'a jamais douté que les savants ne fassent à son correspondant un accueil digne de lui et de la mémoire de son père. Il ne faut pas que JA lui soit redevable de ce bon accueil, dû sûrement au nom qu'il porte et à son propre mérite. JA ne doit pas être surpris de la manière avec laquelle [Friedrich] Spanheim lui a parlé: le chagrin que lui causent ses propres écoliers ainsi que l'amour qu'il a pour sa patrie font qu'il ne peut pas s'empêcher de voir une personne de ce pays sans lui inculquer le soin qu'on doit avoir d'y maintenir l'orthodoxie. Il a fait la même chose avec Pictet. JA fera bien de suivre un cours d'histoire ecclésiastique sous lui et de faire relier son histoire [Summa] avec une feuille blanche entre deux pour y marquer toutes les observations qu'il fera pendant ses cours. Pictet ne lui conseille pas la lecture des Pères; on n'y fait pas beaucoup de découvertes utiles et c'est un travail que JA fera mieux dans sa bibliothèque; il peut se limiter à lire Eusèbe, Socrate [II] et Sozomène qui lui donneront des éléments pour l'histoire de l'Église. Mais Pictet a tort de lui dire ce qu'il doit faire ou pas puisqu'il est auprès du maître, qui est une source en comparaison de laquelle on n'est que de petits ruisseaux boueux. Enfin, il faut des professeurs de tous les ordres! Pictet regrette la perte du Josèphe de Le Moyne mais Trigland se trompe quand il dit qu'on pourra combler cette perte par le Grotius; il a vu le Josèphe, il a vu le Grotius, il y avait bien des notes dans Grotius qu'il voulait ajouter à Josèphe mais il y en avait beaucoup qui n'étaient pas dans son Grotius. Il doute du reste que tout le monde puisse déchiffrer ces notes. Il aimerait bien les avoir à Genève, il les entendrait peut-être mieux que beaucoup d'autres puisque le bon homme lui avait appris sa méthode pour étudier. Il faudrait imprimer les lettres que Bochart a envoyées à Le Moyne; il y en a six ou sept cents. Il y aura des livres bien curieux dans la bibliothèque d'Isaac Vossius, dont Pictet ne regrette pas beaucoup la mémoire, tout savant qu'il fût; il préfèrerait ressembler au père plutôt qu'au fils. Il demande à JA de l'informer des enseignants de Leyde, des cours, des livres nouveaux. JA a sûrement vu les savants de Rotterdam. Pictet travaille à une harangue [Oratio de bello] qui ne vaudra pas grand-chose; il a commencé aussi les interrogations du Collège, occupation fort divertissante comme JA le sait bien. Il s'est trompé deux ou trois fois en prenant des noms pour des verbes et en demandant des prétérites qu'il ne savait pas.

Adresse

Leyde

Commentaire

Lieux

Émission

Réception

Leyde

Conservation

Genève

Cités dans la lettre