Lettre 205 de Jean-Alphonse Turrettini à Bénédict II Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ea.5.7

Je vous ecris enfin de Hollande

C'est la première lettre envoyée de Hollande où JA est arrivé avec un peu de retard parce qu'il s'est arrêté à Anvers et à Bruxelles. Il a pris la voie de Breda et est arrivé à Rotterdam le 25.03.1691 ; le 26, il était à La Haye, où, à son grand regret, il est arrivé juste une demi-heure après le départ du roi [Guillaume III] qui semblait, dit-on, très gai et content. Il sera sûrement à la tête du gros contingent allié qui est amassé près de Bruxelles. On ne sait pourtant pas quel sera le résultat de l'expédition, les Français semblant compter pour sûre la prise de Mons à laquelle participe le dauphin [Louis de France]. Une des faiblesses des alliés semble être leur ignorance complète de ce qui se passe dans le camp français. Ils sous-estiment complètement les forces de la France. Il tient toutes ces informations de son cousin, [Philippe-Sébastien] Diodati, qu'il a vu à Rotterdam; et [Nicolas] Fatio de Duillier, qui était fort affligé par le fait que le mylord qu'il conduisait était mourant, lui a confirmé l'ignorance dans laquelle on est en Angleterre sur les choses de France. JA se porte très bien et a fait un voyage heureux. Il a rencontré le chevalier Lilith et son gouverneur à Anvers et visité en leur compagnie la ville qui lui a beaucoup plu. Il y a aussi vu Ascanio Martini, qui lui a fait bien des amitiés mais ne lui a pas plu car il n'a pas semblé aimer beaucoup le roi d'Angleterre. Il croit les affaires de Flandre désespérées et qu'il faudra devenir Français. À Rotterdam, il ne s'arrêta que quelques heures. Il y vit Diodati, Pierre Jurieu et sa femme de même que Reinier Leers. Il a retrouvé des amis, comme Gaugain, qui conduit un mylord anglais qui le fait enrager et [Charles (?)] Gallatin, fils du syndic [Ézéchiel]. Il y a également vu Henri Arnaud, pourvu du grade de colonel, qui a obtenu plusieurs entretiens avec Guillaume III. Surtout, il a retrouvé [Jean-Antoine] Dautun, arrivé dans le pays depuis quelques jours. Ils partiront le jour même pour Amsterdam où ils resteront quelques temps avec [Pierre I] Got. Il est résolu à venir passer quelques semaines à La Haye dans quelque temps; le séjour y est agréable et on trouve des pensions où on est bien logé et à fort bon compte. Mais le lieu qui lui sera le plus profitable sera sûrement Rotterdam. En effet Leyde ne semble pas offrir beaucoup de motifs d'intérêt mise à part la présence de [Friedrich] Spanheim; il se peut du reste que le mauvais air de la ville, contre lequel tout le monde le met en garde, l'oblige à écourter son séjour là-bas. Quant aux «furfanti» [Jean Le Clerc et Gregorio Leti], il s'en tiendra à l'écart puisqu'il n'aime pas les canailles et ne veut pas avoir de commerce avec des gens qui pourraient lui faire du tort dans le monde. Il a acheté à Paris l'étui de mathématique, grâce à Martine, et l'a finalement emporté avec lui. [Louis] Peytier(s) et [Antoine II] Saladin le prient de faire savoir chez eux qu'ils sont bien arrivés.

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Genève

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Genève

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