83 Lettres

Lettre 147 de Jean-Philippe Du Noyer à Jean-Alphonse Turrettini

Londres 19.01.1690 [19/09.01.1690]

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Du Noyer incite JA à lui écrire souvent et à ne pas faire cas de considérations d'économie. Son Église n'est pas riche, mais elle lui donne de quoi supporter les frais de port. Il faut seulement éviter de mettre des enveloppes, qui se payent en Angleterre comme une lettre. Il approuve la méthode utilisée par JA dans ses études et se réjouit de voir qu'il continue celles-ci avec le jugement et le désintéressement nécessaire pour trouver la vérité. Il semblerait que Guiran soit en Hollande. Pour c...

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Londres 19.01.1690 [19/09.01.1690]


Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.D.20


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Du Noyer incite JA à lui écrire souvent et à ne pas faire cas de considérations d'économie. Son Église n'est pas riche, mais elle lui donne de quoi supporter les frais de port. Il faut seulement éviter de mettre des enveloppes, qui se payent en Angleterre comme une lettre. Il approuve la méthode utilisée par JA dans ses études et se réjouit de voir qu'il continue celles-ci avec le jugement et le désintéressement nécessaire pour trouver la vérité. Il semblerait que Guiran soit en Hollande. Pour ce qui est des marchands de Lyon arrêtés en Angleterre, des gens importants avaient promis de s'y intéresser, mais on lui a dit qu'ils avaient été relâchés sous caution. Du Noyer rapporte ensuite des nouvelles de plusieurs personnes que JA pourra communiquer à Madame de Meyrin. Pour ce qui est des nouvelles publiques, il n'y a pas beaucoup à dire: il y a eu des maladies dans l'armée des Français réfugiés campée en Irlande, assez pour que plusieurs en soient morts mais pas suffisamment pour que l'armée soit ruinée, comme le voudraient certains bruits. Du Noyer a pourtant eu à pleurer la perte de son cher ami Plantat, qui est mort regretté de son colonel et de tout le régiment. Maintenant les maladies ont cessé et chacun commence à se rétablir. Quant à l'armée des rebelles, on assure que la mortalité y est furieuse et les désertions fort fréquentes. Il ne peut en être autrement dans une armée qui est réduite à faire des écus de cuivre; aucune autre monnaie n'a de cours dans les contrées contrôlées par le roi Jacques [II Stuart]. Le roi [Guillaume III] se prépare à voyager au début du printemps. Pour certains, il ira en Irlande, pour d'autres, en Ecosse se faire couronner. On avait répandu le bruit que [Frédéric-Armand] de Schomberg s'était marié avec une marquise irlandaise, qu'il avait aimée autrefois en France quand celle-ci était avec la feue reine d'Angleterre [Henriette de France]. On sait depuis qu'à l'origine de cette histoire plaisante, il y a un trompette qui avait été envoyé au roi Jacques et qui répondit à ce monarque, étonné de la bonne santé dont jouissait de Schomberg à son âge, qu'il allait se marier avec une marquise irlandaise, nouvelle censée donner une idée encore plus avantageuse de la santé du général. La situation des affaires de la religion en France fait que bien des gens sont aux aguets. Cependant la plupart est assez ferme pour dire qu'elle ne rentrera pas si facilement dans le royaume tant qu'il n'y aura pas assez de sécurité pour les personnes et pour les consciences. Il donne ensuite des nouvelles de Madame de Cerisy et de Rondelet. Beddevole est de retour et fait son collège d'anatomie; il a dix écoliers qui doivent bien le payer. [Nicolas] Fatio [de Duillier] vit dans une grande retraite où il est à son aise pour déplorer les folies du genre humain; il a à sa disposition la belle bibliothèque d'Embden, un des hommes les plus savants du royaume; sa santé est très peu ferme et on peut se demander si cela vaut la peine de payer si cher sa réputation. Du Noyer est maintenant beaucoup plus à son aise pour prêcher et il croit que sa santé seule suffirait à l'y déterminer. Il n'étudie pas beaucoup; les livres français arrivent avec un très grand retard, les latins sont peu imprimés en Angleterre et quant aux anglais, il n'a pas encore pu bien apprendre la langue. Il espère pouvoir le faire bientôt. Quoi qu'on n'ait fait que 28 écus de pension aux ministres réfugiés, on en a choisi cinq ou six jeunes qu'on a envoyés à Oxford pour étudier et à qui on donne 20 livres sterling.

Adresse

Genève


Lieux

Émission

Londres

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

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