Baux se ressent, à Berlin, de la bonté de JA comme jadis à Genève; il sait que c'est grâce aux recommandations de celui-ci qu'il a été si bien accueilli par [Louis-Didier] de Pluviane. Il demande à son correspondant de continuer à le recommander, mais, pourtant, de modérer les louanges excessives qu'il fait à son égard. Il sera ainsi plus libre de faire son éloge sans être soupçonné de vouloir lui rendre la pareille. Il conseille à JA de commencer tôt son voyage pour ne pas le terminer trop tard...
Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F) Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.15
Il m'est bien doux
Baux se ressent, à Berlin, de la bonté de JA comme jadis à Genève; il sait que c'est grâce aux recommandations de celui-ci qu'il a été si bien accueilli par [Louis-Didier] de Pluviane. Il demande à son correspondant de continuer à le recommander, mais, pourtant, de modérer les louanges excessives qu'il fait à son égard. Il sera ainsi plus libre de faire son éloge sans être soupçonné de vouloir lui rendre la pareille. Il conseille à JA de commencer tôt son voyage pour ne pas le terminer trop tard et d'éviter l'Allemagne où tout ce qui pourrait rendre un déplacement agréable est banni. La santé de Jurieu a été très gravement atteinte et son cerveau est complètement épuisé; c'est du moins ce qu'Abbadie lui a dit. Celui-ci aussi est actuellement malade, mais c'est peu de choses et son incommodité ne l'empêche pas de travailler à un ouvrage qu'il publiera bientôt contre les sociniens [Traité de la divinité], très nombreux dans ce pays. Le plan est grand et nouveau, voire trop nouveau au dire de l'auteur lui-même et s'il craint quelque chose c'est à ce propos-là. La deuxième édition de son Traité de la vérité de la religion chrétienne est déjà parue depuis quelque temps; parmi les additions, il y a les éclaircissements de quelques difficultés que [Jean] Le Clerc lui avait adressées. Il estime Le Clerc mais pense avoir satisfait à ses objections. Avant de partir pour sa députation, [Jean] Bernard, poussé par quelques zélés ou flatteurs qui l'ont convaincu qu'on était très édifié par ses prêches, fit assembler le Consistoire pour demander à remplir une des places vacantes. Puisque celui-ci répondit qu'il était content si l'Église l'était, Bernard, esprit de bonne foi, en a déduit qu'il aurait le poste à son retour.
Adresse
Genève
Commentaire
Plusieurs éléments font envisager une possible datation de la lettre en 1688, voire début 1689: 1) on parle de la publication imminente d'un ouvrage d'Abbadie contre les sociniens; il ne peut s'agir que du Traité de la divinité de Jésus-Christ, paru en 1689 2) on dit que la IIe édition du Traité de la vérité de la religion chrétienne du même auteur a été publiée depuis quelque temps; or elle date de 1688 3) l'expéditeur, qui devrait écrire effectivement de Berlin, dit avoir rencontré Abbadie; or celui-ci quitta la ville au cours de l'été 1689 4) on mentionne le grave état de santé de Jurieu; celui-ci fut effectivement remplacé par Coulan du 18.11.1688 au 30.11.1689. Quant à l'allusion à un éventuel voyage de JA, qui ne commencera en réalité qu'en 1691 et qui pourrait faire douter de la datation proposée, elle se trouve également dans d'autres lettres de fin 1688.