Lettre 47 de Jean-Antoine Dautun à Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.D.3

Je receus... mecredi

Dautun n'a pas pu écrire plus tôt parce que le nécessaire lui manquait pour le faire. Les chambres ne sont pas encore toutes prêtes et il doit en partager une avec d'autres personnes. Mais on lui a laissé espérer que cela ne durerait pas longtemps. Il a l'intention de prêcher quelquefois au château, pour s'épargner le voyage jusqu'à Berne et épargner aussi à la famille du bailli [Beat Fischer] le trajet jusqu'au lieu où ils peuvent entendre prêcher en allemand; ils liront quelquefois les sermons de François Turrettini, meilleurs que ceux qu'on entend à Berne. Il s'est rendu dimanche matin dans cette ville et y a entendu un prêche très médiocre d'un certain Nicolas, auparavant ministre de l'Église française de Strasbourg; l'après-midi en revanche, il a assisté à un bon catéchisme. Il a dû repartir toutefois sans avoir le temps d'entendre la prédication de [Jean] Bernard. Il avait rencontré ce dernier en arrivant de Lausanne à Berne et Bernard lui avait dit avoir écrit à JA. Il regrette de ne pas avoir pu l'entendre mais ce sera pour une prochaine fois. Il a fait la connaissance de Martel, qu'il ira voir quelquefois, ainsi que [André] Bouton; ce dernier lui a promis de lui expliquer les difficultés que Dautun rencontrerait dans les principes de la géométrie pour le cas où il voudrait s'y attaquer. Sa mauvaise imagination lui semble toutefois faire obstacle à ce genre de connaissances. Le bailli remercie le père de JA de son présent. Peyrol lui a dit qu'il enverrait [à François Turrettini (?)] le système de la foi [Jurieu, Vrai systeme]. Dautun se réjouit de ce que JA ait accepté de corriger les secondes épreuves de son ouvrage et qu'il ait déjà commencé à le faire. Il regrette de ne lui avoir pas laissé une copie de son manuscrit. À propos d'attachement à ses propres ouvrages, s'il avait Boileau sous la main, il citerait le passage où il parle des poètes amoureux de leurs ouvrages, qui ne consultent les gens que pour mendier des louanges et non pour en recevoir des avis. Il citerait Boileau quoiqu'en dise le maître en histoire de JA. C'est peut-être un fripon mais il ne laisse pas d'être un bon poète pour autant. Dautun attend la Logique et ajoute sur l'enveloppe qu'il y a ici une belle demoiselle qui baise les mains de JA.

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