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Lettre 4786 de Jean-Alphonse Turrettini à Hans Kaspar II Escher

[Saconnex (Genève)] 09.08.1735

Je suis tres-faché

JA est navré de la maladie d'Escher et fait ses vœux pour son rétablissement; quant à lui, il est également à la campagne. Il n'a pas été malade mais il est très faible et rempli d'amertume à cause du triste état de sa patrie. En dépit de cela, la Compagnie des pasteurs l'a prié de prêcher le jour du jubilé et il n'a pas pu refuser. Il espère que Dieu le soutiendra dans sa faiblesse. L'affaire de [Jacob] de Chapeaurouge a eu un rebondissement; en effet la bourgeoisie ne fut guère satisfaite du d...

[Saconnex (Genève)] 09.08.1735


Lettre autographe. Inédite. (F)
Zentralbibliothek (Zürich), FA v.Wyss III.102 (23)


Je suis tres-faché


JA est navré de la maladie d'Escher et fait ses vœux pour son rétablissement; quant à lui, il est également à la campagne. Il n'a pas été malade mais il est très faible et rempli d'amertume à cause du triste état de sa patrie. En dépit de cela, la Compagnie des pasteurs l'a prié de prêcher le jour du jubilé et il n'a pas pu refuser. Il espère que Dieu le soutiendra dans sa faiblesse. L'affaire de [Jacob] de Chapeaurouge a eu un rebondissement; en effet la bourgeoisie ne fut guère satisfaite du deuxième jugement prononcé contre lui; il avait pourtant été très rude. Il y a donc eu un grand amas de peuple au bas de la Cité et sur la place Bel-Air; des députés furent envoyés aux syndics [Barthélemy Gallatin, Jean-Louis Chouet, Pierre Lect, Jean-Marc De La Rive] pour demander de qualifier la Représentation de de Chapeaurouge de calomnieuse et d'injurieuse à la bourgeoisie; certains demandaient même qu'elle fut publiquement brûlée et son auteur banni de la ville. On fut obligé de leur promettre que le Conseil s'assemblerait à ce sujet le lendemain et examinerait l'affaire; en effet le lendemain le Conseil définit la requête de de Chapeaurouge d'injurieuse et décida de faire comparaître l'auteur en lui défendant de diffuser sa pièce. Un tel jugement aurait dû contenter la bourgeoisie mais il n'en fut rien; il y eut d'autres mouvements de foule et on ne put les calmer qu'en leur disant que les syndics et les conseillers seraient obligés de quitter leurs charges. Cette affaire montre l'état déplorable dans lequel on se trouve à Genève: il n'y a plus d'ordre, plus de justice, plus de liberté. Le Conseil est l'objet de violences continuelles qui l'obligent à prononcer des jugements contre la conscience et dans le seul but d'apaiser la fureur du peuple. Peut-on concevoir plus grande injustice que d'empêcher un magistrat déposé par la violence de se justifier, sans rien demander et sans attaquer personne? JA parle à Escher à cœur ouvert, en étant sûr que son correspondant ne le compromettra pas et qu'il partage son avis. Un autre exemple fâcheux de l'état d'anarchie qui règne à Genève est relative à une affaire dont LL.EE. ont été déjà informées probablement et qui concerne des faits qui ont impliqué aussi des Savoyards à Chêne. À cause du zèle indiscret de certains Genevois, la chose a failli dégénérer et on ne sait pas encore de quelle façon elle sera reçue par la Cour de Turin. JA ne sait pas grand-chose de ce qui se passe dans les Conseils mais il pense que la députation à Berne et Zurich de deux Genevois [Gabriel Grenus et Jean-Louis Buisson] touchera des matières de politique étrangère; il serait pourtant bon que LL.EE. fissent des représentations aux députés sur le triste état de Genève et sur la nécessité de trouver un remède. On lui a écrit de Berne que c'était l'absence de quelques seigneurs, retenus par les moissons, qui est à l'origine du retard pour l'affaire des Vaudois.

Adresse

[Zurich]


Lieux

Émission

Saconnex (Genève)

Réception

Zurich

Conservation

Zurich


Cités dans la lettre