5000 Lettres

Lettre 4587 de Jean-Pierre Crousaz  à Jean-Alphonse Turrettini

Lausanne 04.03.1734

Mon fils a

Le fils de de Crousaz [Abraham] a chez lui le gouverneur de trois comtes, qui a tiré des universités tout le parti imaginable sans en prendre aucun défaut; il ne connaît pas personnellement JA mais est très versé dans l'histoire, notamment ecclésiastique et peut juger avec compétence et bon goût de la valeur d'un travail. Voilà pour la première partie de la lettre de JA. Quant à la deuxième, il doit dire qu'il a été tiré de la maison de servitude, après y avoir subi toutes sortes de mortificatio...

+ 2 pages

page 1

ms_fr_00486_f056r_ug61579_turrettini_file.jpg

page 2


ms_fr_00486_f056v_ug61580_turrettini_file.jpg

page 3

ms_fr_00486_f057r_ug61581_turrettini_file.jpg

page 4


ms_fr_00486_f057v_ug61582_turrettini_file.jpg

Lausanne 04.03.1734


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Bibliothèque de Genève, Ms fr 486 (f.56-57)


Mon fils a


Le fils de de Crousaz [Abraham] a chez lui le gouverneur de trois comtes, qui a tiré des universités tout le parti imaginable sans en prendre aucun défaut; il ne connaît pas personnellement JA mais est très versé dans l'histoire, notamment ecclésiastique et peut juger avec compétence et bon goût de la valeur d'un travail. Voilà pour la première partie de la lettre de JA. Quant à la deuxième, il doit dire qu'il a été tiré de la maison de servitude, après y avoir subi toutes sortes de mortifications, et il remercie tous ceux qui l'ont aidé à mettre un terme à un trop long séjour, au cours duquel il a subi beaucoup de mortifications et fait semblant de ne pas voir et d'être aveugle. S'il était resté à Genève, il aurait sûrement été l'objet d'une maladie mortelle. Ce qui l'inquiète, c'est que depuis son départ, il n'a eu aucune nouvelle de Kassel; on lui avait promis qu'il toucherait ses gages à chaque quadrimestre alors qu'on lui doit toujours la moitié de son dû de 1733 et on ne sait rien de précis concernant l'écrit qui chargeait de Donop du soin de faire élever le prince sur les principes de la religion. Du reste, de Crousaz est très peu porté à penser à mal, comme le montre le récit qui va suivre. On avait fait quelques distributions de son Examen du pyrrhonisme à Kassel, lieu où Bayle était apprécié; à cause de cela, de Crousaz s'imagina que la hardiesse dont il avait fait preuve en critiquant cet auteur allait déplaire et qu'on allait l'accuser de vouloir gâter le prince [Friedrich II de Hesse-Kassel]. C'est pourquoi il escamota l'exemplaire qu'il avait donné au prince et dont celui-ci n'avait même pas pris connaissance. Mais par la suite il reçut des reproches très durs à ce sujet. Il reconnaît que le genre de vie que JA lui conseille est le plus sensé, mais pour philosopher il faut vivre et, comme dit le proverbe, la faim chasse le loup hors du bois. Quand il a quitté Lausanne, il y a dix ans, il a gardé une portion très limitée de son bien, distribuant avec sa femme [Louise I] le reste à ses enfants [Abraham, Judith, Louise II, Marie et Sophie]. Depuis ils ont marié deux filles et tant ses enfants que ses gendres [Paul-Louis Loys de Chéseaux, Claude Clavel, Gabriel Tavel et Praroman de Chapelle] lui rendraient avec plaisir ses biens mais il ne pourrait jamais se résoudre à cela. C'est pourquoi il demande à ses amis de s'intéresser à son sort.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Lausanne

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre

+ 2 pages

page 1

ms_fr_00486_f056r_ug61579_turrettini_file.jpg

page 2


ms_fr_00486_f056v_ug61580_turrettini_file.jpg

page 3

ms_fr_00486_f057r_ug61581_turrettini_file.jpg

page 4


ms_fr_00486_f057v_ug61582_turrettini_file.jpg