5000 Lettres

Lettre 2844 de Pierre Chambaud  à Jean-Alphonse Turrettini

Prenzlau 14.02.1718

J'ay eu plussrs occations

De Chambaud n'a pas l'honneur d'être connu de JA mais le mérite de celui-ci l'encourage à lui écrire. De Drouet lui a donné avis que feue la mère de JA avait laissé dans son testament un legs de 100 écus aux enfants [Catherine-Charlotte et Pierre-Benjamin] de sa nièce [Dorothée], épouse défunte du correspondant. De Drouet lui marquait aussi que JA avait donné l'ordre que cette somme fût payée à Berlin et qu'il l'avait reçue dix ou quinze jours auparavant. Il demandait une quittance à de Chambaud...

Prenzlau 14.02.1718


Lettre autographe, signée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Ga.1.3


J'ay eu plussrs occations


De Chambaud n'a pas l'honneur d'être connu de JA mais le mérite de celui-ci l'encourage à lui écrire. De Drouet lui a donné avis que feue la mère de JA avait laissé dans son testament un legs de 100 écus aux enfants [Catherine-Charlotte et Pierre-Benjamin] de sa nièce [Dorothée], épouse défunte du correspondant. De Drouet lui marquait aussi que JA avait donné l'ordre que cette somme fût payée à Berlin et qu'il l'avait reçue dix ou quinze jours auparavant. Il demandait une quittance à de Chambaud pour que JA en fût déchargé ou un pouvoir pour que de Drouet lui-même pût la faire pour lui, précisant que de Chambaud pourrait retirer l'argent de ses enfants quand il le voudrait. Il ajoutait cependant que si de Chambaud voulait lui faire confiance, il garderait cet argent et le donnerait plus tard aux enfants de Chambaud. Cette proposition était toutefois laissée à sa volonté de même que celle du pouvoir. Il répondit à de Drouet que, pensant venir sous peu à Berlin, il laissait l'argent entre ses mains et qu'il le retirerait lors de son passage. Il donnerait aussi à cette occasion la quittance demandée; il ne se sentait pas trop pressé puisque la somme avait été comptée à de Drouet sans que de Chambaud fût présent en personne. De Drouet ne fut pas content de cette réponse car de Chambaud marquait sa volonté de retirer l'argent et de le mettre dans les mains de personnes qui pourraient lui en payer les intérêts afin de fournir aux besoins de son fils [Pierre-Benjamin]. De Drouet le renvoya alors à [Benjamin] de Chauvet qui devait payer ces cent écus pour JA. De Chambaud écrivit donc à celui-ci pour savoir comment régler le change et se faire payer la somme. La réponse fut que de Chauvet avait réglé le change à 110 écus du pays et qu'il les avait donnés à de Drouet, le meilleur ami des enfants de Chambaud, et que ce dernier ne remettrait pas l'argent à de Chambaud à moins d'un ordre exprès du roi [Friedrich Wilhelm I]. Surpris de l'attitude de ces deux messieurs, de Chambaud refit une lettre à de Chauvet pour lui dire que, s'il était en droit de toucher cet argent, ce qui est indubitable, il le ferait délivrer sans faute; il lui demanda également plusieurs précisions concernant le temps où et les conditions dans lesquelles il avait reçu la somme en question. Il n'en obtint aucune réponse. Il ne sait que faire pour se faire payer, souhaitant éviter d'en venir aux plaidoieries, entre autres à cause des frai; il s'adresse donc à JA pour lui demander confirmation de ce legs de 100 écus et une lettre de change sur Benjamin de Chauvet ou un autre afin de se faire payer cet argent. Il saisit aussi l'occasion de cette lettre pour donner un éclaircissement à JA à propos de l'inventaire qu'il avait demandé des biens de [Madelaine] de Pluviane qui s'étaient trouvés chez de Chauvet après le décès de cette dame. Il s'était en effet trouvé un compte de 2'000 écus que de Chauvet disait avoir payé à de Chambaud pour sa défunte épouse, sœur de de Chauvet. De Chambaud doit la vérité pour ce qui le concerne à JA et il va essayer d'être bref. Depuis que de Chambaud et de Martineau sont devenus ses beaux-frères, de Chauvet les a toujours tenus pour suspects et a tout fait pour les garder ignorants de l'état du bien de Madame de Pluviane, continuant à jouir de la rente de 6'000 écus faite par ladite dame. Mais pour en revenir aux 2'000 écus portés sur le compte, ni de Chambaud ni son épouse n'en ont jamais rien reçu et si on en a porté des billets à JA de sa part ou de celle de sa femme, ils sont faux. S'il a bien reçu 2'000 livres, c'est au regard de la dot de son épouse, au moment de leur mariage, mais elle n'a rien à voir avec le bien de Madame de Pluviane. De Chauvet avait d'ailleurs dit lui-même qu'il donnerait 2'000 livres de son bien à sa sœur s'il trouvait un bon parti pour elle, mais sans y comprendre l'héritage de de Pluviane. Il répéta ensuite plusieurs fois après le mariage que la somme donnée l'était de ses biens sortis de France et non de cethéritage. Mais lorsqu'il délivra l'argent, il lui donna un modèle de quittance à signer dans lequel l'héritage de Madame de Pluviane était tenu quitte de cette somme (666 thalers 2/3). De Chambaud refusa de lui donner la quittance telle que de Chauvet la lui avait présentée et lui en donna une de ce qu'il avait effectivement reçu sans mentionner l'héritage évoqué. Peu de temps après on lui conseilla de s'accommoder avec son beau-frère et d'accepter qu'il lui donnât une certaine somme en échange de la renonciation des droits que sa femme et lui pourraient avoir sur l'héritage. Il accepta mais de Chauvet ne lui proposa que deux cents écus. De Chambaud refusa. Depuis lors, ils n'ont jamais plus parlé de ces affaires et ils sont restés parfois trois ou quatre ans sans se voir ni s'écrire. De Chambaud assure JA qu'il a bien garde de ne rien lui prescrire au sujet de ces 2'000 francs mais il est persuadé que JA n'acceptera pas que les enfants de Chambaud en soient privés si tout ce qu'on a raconté à de Chambaud est vrai.

Adresse

[Genève]


Lieux

Émission

Prenzlau

Réception

Genève

Conservation

Genève


Cités dans la lettre