Lettre 2387 de LĂ©onard Baulacre Ă  Jean-Alphonse Turrettini

Lettre autographe, signée, adressée. Inédite. (F)
Archives de la Fondation Turrettini (Genève), 1/Gd.B.14

Je viens... de souhaiter le bon jour

Baulacre est logé dans la même pension que [Gabriel II] Rilliet et sa chambre est même très proche de la sienne. Il l'a trouvé en train d'écrire à JA et a décidé de se joindre à lui. Rilliet lui décrira son voyage. Il commence à se rendre compte que la théologie se porte beaucoup mieux à Genève que dans les universités hollandaises; quand Baulacre a montré les thèses de JA [Cogitationes de religione; Cogitationes de controversiis] à un célèbre mathématicien de La Haye, celui-ci a dit qu'il ne croyait pas qu'on eût un goût si épuré à Genève. Les thèses hollandaises font pitié et se perdent dans des subtilités sans importance; il en donne pour exemple une thèse récente de [Franciscus] Fabricius. Marck de son côté ne tombe pas dans ce travers, mais il ne fait que compiler. Il envoie un paquet de thèses à JA dont Baulacre est sûr qu'il ne les lira pas. Il les invita dernièrement à la campagne, lui, [Jacques] Bernard, Rilliet et [Ami] De La Rive. On y but à la santé de JA et de [Bénédict] Pictet. Pour ce qui est de la prédication, il n'apprécie que celle de Bernard, Bénion étant meilleur dans la conversation qu'en chaire et [Jacques] Saurin donnant trop dans la déclamation. D'ailleurs à La Haye on trouve des orateurs à fracas. Saurin n'est par ailleurs pas aussi superficiel qu'on le croit; il sait raisonner; sa manière de prêcher doit aussi relever du tempérament. Outre qu'il a lu, il a le génie fort beau. Pour Baulacre, on démontre la vérité de la religion chrétienne par le raisonnement et non par l'éloquence. Ses sermons [La Haye, 1712] ont été appréciés par [Hélène Courcillon] de Dangeau. Pour Saurin être simple dans la prédication équivaut à être plat, comme le montre une anecdote qu'on raconte sur lui et que Baulacre rapporte à son correspondant. Il est du même avis que JA sur les sermons imprimés de Saurin et il a aussi trouvé que la théologie gâtait le traité de la repentance tardive [de Bernard]. B[ernard] va imprimer son ouvrage [De l'excellence de la religion (?)] mais il n'a pas voulu montrer le manuscrit à Baulacre à cause de certains endroits théologiques qu'il a dû laisser pour des raisons politiques. Baulacre a aussi essayé de le dissuader d'y ajouter une dissertation contre le mensonge. Il s'est rendu à La Haye voir le feu d'artifice, qui était très beau; il y a rencontré le célèbre [Jean] Le Clerc qui était venu, lui aussi, pour la fête et ils ont mangé ensemble plusieurs fois. Il a dit avoir reçu l'abrégé d'histoire ecclésiastique de JA et vouloir lui proposer quelques corrections avant qu'on le donne à l'imprimeur. Ils ont longuement discuté des thèses de JA et Le Clerc en est très satisfait. Baulacre félicite son correspondant qui aura bientôt un deuxième enfant [Louise III], dont [Pierre I] Got sera le parrain.

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